Juergen Teller à la galerie Suzanne Tarasiève en 10 photos

Par Maxime Gasnier

EXPOSITION // Davantage connu comme photographe superstar du monde de la mode, Juergen Teller détourne aujourd’hui son regard de paparazzi pour proposer une exposition moins papier glacé, plus hétéroclite. Avec Leg, Snails and Peaches présenté à la galerie Suzanne Tarasiève, l’Allemand se convertit à une réflexion visuelle et métaphorique sur l’Homme et sa nature.

Si l’exposition de Juergen Teller peut sembler complexe par le nombre de sujets photographiés, il faut en déceler les signes qui avertissent d’un langage cru, créé en toute modestie. Par son titre, l’ensemble du récit photographique fait directement allusion à la première image exposée : la description des trois éléments — jambes, escargots et pêches — est au premier plan de cet extrait d’une série récente (Leg, snails and peaches, London 2017), où la symbolique renvoie à une Europe sans Grande-Bretagne. 

Au-delà de sa valeur descriptive, qui évoque notamment le titre des toiles classiques, l’exposition tisse un lien fort avec la tradition artistique. Paysages, portraits, natures mortes : bien qu’il fasse parfois apparaître des célébrités, Juergen Teller les conditionne à l’anonymat. Seul lui-même se glorifie par des autoportraits aux mises en scène dissonantes ; on le retrouve par exemple en vidéo, culbutant sur un piano où Charlotte Rampling est attablée. La théâtralisation de son corps atteint son apogée avec Self Portrait with Balloons, Paris, 2017, en référence directe à l’iconique peinture de Freud, Nude with Leg Up (Leigh Bowery) (1992) qui souligne son appétence pour la nudité et la couleur.

La charge érotique de ses photographies est d’ailleurs mise en lumière par tout un vocabulaire encodé, omniprésent dans l’exposition. Pratiques et attributs sexuels sont déguisés par l’escargot et l’amphibien, la bave, le fruit tranché en deux. Et sont probablement encore plus explicites à travers le portrait de Béatrice Dalle, dont la bouche est collée au plus près d’un tronc. Entre dégoût et attraction, jouissance et humilité, Juergen Teller offre ici un échantillon alternatif mais reconnaissable de ses observations personnelles. //


Exposition Leg, Snails and Peaches by Juergen Teller
Jusqu’au 3 mars 2018 at Galerie Suzanne Tarasiève
7 rue Pastourelle 75003 Paris

www.suzanne-tarasieve.com


Juergen Teller, Leg, snails and peaches No.25, London 2017, 152.4 x 228.6 cm

Juergen Teller, Blaine Blaine Blaine No. 1, The Travel Almanac Issue 13, Autumn/Winter 2017, New Orleans 2017, 152.4 x 228.6 cm

Juergen Teller, Raquel Zimmermann, Celine Campaign Autumn Winter 2017, Mexico City 2017, 177.8 x 118.36 cm

Juergen Teller, Self-Portrait with Balloons, Paris 2017, 228.6 x 152.4 cm

Juergen Teller, Beatrice Dalle No. 17, Man About Town Magazine Cover Spring/Summer 2017, Paris 2017, 50.8 x 40.64 cm

Juergen Teller, Paradise II, At Moments I Felt like Being in a Strange Dream in a Medieval Forest with 2 Naked Canadian Girls Doing Hula Hoops, Covered all over in Sweet Maple Syrup, No.70, System Magazine Supplement, Canada 2017, 152.4 x 228.6 cm

Juergen Teller, Suzanne in Hydra No. 12, Vogue Italia, Greece 2017, 177.8 x 127 cm

Juergen Teller, Frogs and Plates No.2, London 2016, 152.4 x 101.6 cm

Juergen Teller, Keyhole No.6, POP magazine, Issue 37 Autumn/Winter 2017, London 2017, 228.6 x 152.4 cm

Juergen Teller, Wildschweinmutter, Kolkata, India 2014, 50.8 x 60.96 cm

 

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