Au Palais de Tokyo, un rêve des formes

 

Par Maxime Gasnier

EXPOSITION // Le Palais de Tokyo ouvre la saison estivale avec de nouvelles expositions qui mettent en perspective le regard du spectateur face à l’environnement artificiel. Du fond à la forme, de l’art à la science, les dispositifs présentés accueillent avec brio un concentré de visualisations réinventant les champs du perceptible.

Annoncée comme incipit à la programmation estivale du Palais de Tokyo, l’exposition Le Rêve des formes illustre le climat artistique et expérientiel de cette nouvelle session. C’est à l’occasion du vingtième anniversaire du Fresnoy – Studio national des arts contemporains, qu’artistes et chercheurs ont imaginé le group show à partir d’images associant arts et sciences; pour établir « un jardin monstrueux où se cultivent des formes périssables et des surfaces en germination, des organismes protubérants et de plates silhouettes ». La transcription des éléments biologiques se lit dès lors à travers le prisme des technologies et des outils de laboratoire. On découvre par exemple l’installation de Dora Budor, fixant dans un caisson lumineux un groupe de grenouilles. Vidéos, images de synthèse, scan 3D, stéréolithographie s’invitent comme procédés techniques novateurs en soutenant la lecture d’œuvres créées spécialement pour l’exposition. Dans cette veine portée par un regard bicéphale distribué entre l’éternelle relation Homme-Nature et les nouvelles formes mutantes, Annick Lesne et Julien Mozziconacci offrent, par exemple, une version tridimensionnelle des chromosomes humains avec Human Genomics. Passée au microscope, l’interrogation de l’humanité s’impose par un jeu d’échelles oscillant entre nano et macro, entre éden naturel et paradis artificiel.

En termes d’artifices, l’exposition Dioramas examine elle aussi le territoire de la double réalité. Liée à la monstration de l’histoire naturelle — de Richard Barne à Mathieu Mercier en passant par Rowland Ward —, on erre dans ces vitrines de musées indéfinis, dont le caractère optique jongle entre les différents plans et médiums. Une quête de l’imaginaire qui se poursuit avec les narrations visuelles de la Coréenne Hayoun Kwon (Lauréate 2015 du Prix Découverte des Amis du Palais de Tokyo) ou encore les scènes urbaines abstraites de Gareth Nyandoro (Résident 2017 SAM Art Projects), tous deux respectivement éclairés par des solo shows terriblement confus, activement révélateurs. //


Expositions du Palais de Tokyo
Jusqu’au 10 septembre 2017
13 avenue du Président Wilson 75116 Paris
www.palaisdetokyo.com


Richard Barnes, Man With Buffalo, 2007, in Dioramas, courtesy of the artist

Mathieu Mercier, Sans titre (couple d’axolotls), 2012, in Dioramas, photo André Morin / le Crédac, courtesy of the artist & Crédac © ADAGP, Paris 2017

Katja Novitskova, Approximation V, 2013 in Le Rêve des Formes, courtesy of the artist & Kraupa-Tuskany Zeidler, Berlin, Photo: Nils Klinger

Dora Budor, Sonoro, 2016, in Le Rêve des Formes, courtesy of the artist & New Galerie, Paris

Annick Lesne and Julien Mozziconacci, Human Genomics I, 2017, in Le Rêve des Formes, courtesy of the artists

Hayoun Kwon, Le Paradis Accidentel, 2015 in L’Oiseleuse, courtesy of the artist

Gareth Nyandoro, Pfuuuuuuu (Blowing), 2015, in Stall(s) of Fame, courtesy of the artist and Tiwani Contemporary © Sylvain Deleu

Au Palais de Tokyo, un rêve des formes