Par Nikita Dmitriev
EXPOSITIONS // Mêlant les éléments du stand-up, de la performance et du cinéma expérimental, Ariane Loze met en exergue les impasses et les limitations de grands discours médiatiques, dans ses vidéos. Cette jeune artiste belge née en 1988, qui se rit du langage corporatiste et des excès de la psychothérapie, expose à la galerie Michel Rein en solo.
2018 fut une bonne année pour Ariane Loze : récompensée par le prestigieux Salon de Montrouge, elle a également été invitée aux biennales de Riga, de Moscou ainsi qu’au KANAL – Centre Pompidou, à Bruxelles. Alors que le Centre d’art contemporain Chanot à Clamart lui consacre une exposition (Nous ne sommes pas, nous devenons) jusqu’au 31 mars, la galerie parisienne Michel Rein lui dédie aussi un solo show avec Cet endroit où nous sommes.
À portée satirique et dramatique, le « cinéma » d’Ariane Loze déconstruit l’esthétique et la narration traditionnelle filmiques. Les vidéos de l’artiste belge sont réunies au sein du projet MÔWN (Movies On My Own) ; des scènes produites en autonomie complète, du scénario au montage en passant par la régie son et les costumes. Ariane Loze interprète les différents acteurs fondamentaux du cinéma, derrière comme devant la caméra.
La philosophie post-moderne, dominante dans le milieu culturel, ainsi que le discours optimiste de l’épanouissement personnel, répandu chez les managers et les psychologues télévisés, bénéficient de son attention particulière. Ariane Loze élucide leurs aspects caricaturaux et absurdes à travers des situations du quotidien. Dans Art Therapy session #1, les employés d’un centre d’art contemporain mènent un dialogue en utilisant une telle quantité de termes obscures, qu’il devient impossible de comprendre. Signifiantes ou imitations, les paroles sont générées par un robot. Profitability et Impotence appliquent la même stratégie pour une réunion de travail au sein de l’entreprise et une séance de psychothérapie.
Dans les films d’Ariane Loze, chaque élément — pas seulement les mots, mais l’intonation et les vêtements — porte du sens. Avec sa façon de parler et ses robes à l’ancienne, l’artiste se positionne à contre-courant de l’ambiance glamour et hystérique que l’on retrouve au théâtre et sur l’écran. Elle observe la vie contemporaine avec perspicacité et ironie amère, à travers des saynètes dystopiques. //
Expositions d’Ariane Loze
Nous ne sommes pas, nous devenons
at Centre d’art contemporain Chanot (Clamart) jusqu’au 31 mars 2019
Cet endroit où nous sommes
at galerie Michel Rein (Paris) jusqu’au 6 avril 2019
www.arianeloze.com