Izumi Kato,
courtesy of Perrotin
INTERVIEW // Emprunte de la culture japonaise, la peinture d’Izumi Kato (né en 1969) envisage le portrait d’une manière animiste, enfantine ou encore humoristique. En évoquant la nature humaine par des traits naïfs, l’artiste signe une galerie de figures hybrides, présentées dès le 29 août chez Perrotin, à Paris.
- Votre travail explore la thématique du portrait à travers des personnages anthropomorphiques. Qu’est-ce qui vous intéresse dans la représentation de ces « créatures » ?
Izumi Kato : Pour moi, le motif de la forme humaine est essentiel pour réaliser une bonne peinture. Il n’y a pas de modèle spécifique dans mes portraits, et les hommes en eux-mêmes n’ont pas de signification particulière. Je travaille avec une diversité de matériaux pour la sculpture mais, essentiellement, j’aspire à la peinture. […] J’utilise seulement la forme humaine pour « modeler ma peinture ». Depuis que l’homme a la capacité de voir, nous sommes tous sensibles aux silhouettes d’apparence humaine et cela nous fait réfléchir. Une créature comme un chien, un chat ou une plante, finit par être considérée comme jolie ou agréable, mais moins réfléchi.
- L’animisme semble guider votre esthétique grâce à des formes fluides et des teintes artificielles. De quelle manière le spirituel investit votre pratique ?
Izumi Kato : Je n’ai jamais vu de fantôme et je ne crois pas au spirituel, mais l’idée de l’animisme est ancrée dans la culture de ma région natale, où j’ai grandi, et je pense que mon éducation a laissé des traces. Cependant, je n’ai jamais été réalisé cela quand j’étais jeune, c’est seulement depuis quelques années que j’ai pris conscience de cette influence…
- Vous jouez aussi avec l’humour et l’enfance, attribuant à vos figures un style naïf qui fait écho à l’art primitif.
Izumi Kato : Je crois que l’humour est absolument nécessaire à mon travail. Si une pièce m’amuse lorsqu’elle est finit, c’est un pari réussi. Ce qui importe dans l’humour, c’est que ce ne soit pas intentionnel. Mon moi intérieur a un côté naïf lorsqu’il se révèle par des expressions simples, et je ne voudrais pas créer des œuvres trop prétentieuses.
- Peinture, broderie, sculpture : quel est le lien entre tous les médiums que vous utilisez ?
Izumi Kato : J’ai des images très claires dans mon esprit et elles sont toujours au cœur de ma démarche créative. Je choisis le médium qui me convient le mieux intuitivement, lors de la matérialisation d’une image. Ainsi, peinture, sculpture, textile et autres matières, pour moi, ont tous la même origine. Donc naturellement, ils prennent tous part à mon travail, même s’ils sont différents.
- La culture japonaise a-t-elle influencé votre travail ?
Izumi Kato : En tant que Japonais, j’ai grandi à la campagne et la culture de mon pays m’a influencée. Ma région natale, la Préfecture de Shimane, est ancrée dans de vieilles traditions relatives au shintoïsme. Les Japonais ont de nombreuses croyances, ils sont dans un pays avec différentes religions et qui a une culture qui croit que chaque chose a une âme. La culture primitive de vénérer la nature, dans laquelle toute chose est divine, et celle du « yokai » (« monstre », en japonais) sont très présentes. […] Tout cela, comme le manga, est une vaste part qui a aiguisé ma vision artistique de manière inconsciente. //
Exposition Izumi Kato
Du 29 août au 10 octobre 2020 at Galerie Perrotin
76 rue de Turenne 75003 Paris
www.perrottin.com