À la galerie Chloé Salgado, une élégie de Côme Clérino

Côme Clérino investit la galerie Chloé Salgado avec « Un souvenir qui se porte », sa nouvelle exposition dans laquelle il donne à voir plusieurs récits sur le rapport à l’absence. L’artiste français a invité une dizaine de ses pairs à réfléchir à partir d’objets et de souvenirs que leurs proches ont laissés derrière eux.  

On imagine : une silhouette fantomatique se déplace lentement dans la galerie, contrainte par les multiples couches qui l’habillent. Chacune de ses mains tient un pot en céramique, d’où émanent des voix qui semblent provenir d’autres dimensions, une sorte de conversation entre une personne vivante et l’âme d’un défunt. Tout en avançant, la figure se déshabille, posant délicatement ses vêtements sur certains des nombreux cintres qui ornent les murs. Soudain, elle disparaît, laissant devant nous quatre sculptures faites de tulle, de tissus molletonnés et de toiles polyuréthanes thermoplastiques. 

« Un souvenir qui se porte » est un hommage aux êtres chers qui ne sont plus parmi nous. À travers la présentation de divers objets transmis de génération en génération, Côme Clérino (né en 1990, France) forge un récit élégiaque personnel et sensible sur les souvenirs. Ainsi, dans la mise en scène d’un intérieur domestique, on trouve l’élément d’un chemisier, que l’artiste a tenté de capter de son arrière-grand-mère. De même, avec l’aide d’Hugo Servanin, Clérino montre l’un de ses plus grands souvenirs d’enfance : les spaghetti bolognese, cette fois-ci, en décomposition à l’intérieur d’une sculpture en verre, rendant ainsi hommage à son propre grand-père, qui a émigré du nord de l’Italie pour échapper au fascisme de Mussolini. Empruntés au quotidien urbain, les matériaux qui structurent le travail de Côme Clérino ont des propriétés à la fois antinomiques, friables, solides et malléables. Parmi eux, des mousses, des résines, des plastiques et des enduits précisent le tout.

Une valise-sculpture repose ouverte dans la deuxième salle de l’exposition, révélant de multiples objets que l’on pourrait trouver dans les bagages de n’importe quel voyageur. Afin de développer d’autres perspectives sur l’absence et la mémoire, Clérino a demandé à plusieurs artistes et designers de présenter des objets marqués par leur histoire ou leurs souvenirs familiaux. Aux côtés de Florian Cochet, Jeanne Lieffroy, Luz Moreno, Anna Ternon et Valentin Vie Binet, Ulysse Sauvage présente des vases qu’elle a elle-même créés pour ses grands-parents ; Pablo Jomaron dévoile un portrait de son père tenant celui de sa bien-aimée ; Marius Perraud rassemble ses propres bijoux réalisés avec des chardons cueillis dans sa maison familiale en Corse. Tous ces accessoires semblent nous faire renouer avec nos histoires passées, montrant la puissance évocatrice des objets pour transmettre des émotions et révéler un autre pan de la vie au présent. 


Exposition “Un souvenir qui se porte” by Côme Clérino
Jusqu’au 17 décembre 2022 at galerie Chloé Salgado
61, rue de Saintonge – 75003 Paris
galeriechloesalgado.com


Côme Clérino, 3e souvenir, 2022, courtesy of Galerie Chloé Salgado © Grégory Copitet

Côme Clérino, Finis Ton Assiette, 2022, courtesy of Galerie Chloé Salgado © Grégory Copitet

Côme Clérino, vue de l’exposition “Un souvenir qui se porte”, 2022, courtesy of Galerie Chloé Salgado © Grégory Copitet

Côme Clérino, Recueil de Pensées, 2022, courtesy of Galerie Chloé Salgado © Grégory Copitet

Côme Clérino, Fenêtre 1, 2022, courtesy of Galerie Chloé Salgado © Grégory Copitet

Côme Clérino, Fenêtre 2, 2022, courtesy of Galerie Chloé Salgado © Grégory Copitet

Côme Clérino, Carerro Maille Élémentaire, 2022, courtesy of Galerie Chloé Salgado © Grégory Copitet

Côme Clérino, Porte-Manteau & Cintre, 2022, courtesy of Galerie Chloé Salgado © Grégory Copitet

Côme Clérino, Recueil de Pensées, 2022, courtesy of Galerie Chloé Salgado © Grégory Copitet

À la galerie Chloé Salgado, une élégie de Côme Clérino
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