Cet été encore, les Rencontres de la photographie d’Arles célèbrent la scène émergente à travers une sélection d’artistes présentée dans le cadre de différents prix — Prix Découverte Fondation Louis Roederer, dont le commissariat est assuré par Tanvi Mishra, Luxembourg Photography Award. Chaque talent s’empare des possibilités du médium photographique pour élaborer de multiples lectures de l’image et de ses représentations.
Philippe Calia (né en 1985, France)
Actuellement basé dans la ville indienne de Bangalore, Philippe Calia examine le lien entre l’art et le public à travers les espaces muséaux du pays. En parcourant des archives locales manuscrites et iconographiques, il extrait des images fortes qui interrogent l’influence sur la perception d’une œuvre : à la fois “Ajaib Ghar” (« maison des merveilles ») et puissante institution, le musée livre des récits divers par le biais de clichés polysémiques.
Md Fazla Rabbi Fatiq (né en 1995, Bangladesh)
À travers sa série “Chez-moi” (2020), Md Fazla Rabbi Fatiq fixe le temps du confinement lors de la pandémie de la Covid dans une suite d’images réalisées dans sa ville natale, Comilla. Entre tension et anxiété, le jeune photographe bangladais illustre cette période troublée par le biais de compositions au caractère vernaculaire. En s’appuyant sur des détails et en flirtant avec un langage abstrait, il offre un nouveau point de vue sur l’expérience ordinaire de l’individu, immergé dans un quotidien incertain.
Hien Hoang (née en 1990, Viêt Nam)
D’origine vietnamienne et basée à Hambourg, Hien Hoang établit des tableaux photographiques qui relatent la mondialisation des désirs orientalistes et la soif de culture exotique. Ses compositions surréalistes, illustrant des thèmes comme la méfiance, le danger et l’anomalie, font directement écho à son expérience personnelle et familiale, touchée par les difficultés d’intégration en Occident.
Samantha Box (nés en 1977, Jamaïque)
Établie à New York, Samantha Box n’en oublie pas pour autant ses multiples racines africaines, indiennes, jamaïcaines et trinidadiennes. Ses clichés convoquent des représentations colonialistes et capitalistes, notamment par la présence d’autocollants industriels, de contenants alimentaires et de tickets de caisse qui interviennent sous forme de collage dans ses images de plantes caribéennes, considérées comme « étrangères » aux États-Unis.
Daniel Wagener (né en 1988, Luxembourg)
Dans sa série “opus incertum”, Daniel Wagener s’applique à révéler des installations photographiques in situ, plaçant ainsi le lieu au centre de sa démarche. Liées aux notions de construction et de mise en espace, les images de l’artiste affirment une vision à la fois fictive et documentaire, tout en questionnant le statut du bâti et l’esthétique des matériaux. Une série de petites visions urbaines, acidulées par une pointe d’ironie.
Ibrahim Ahmed (né en 1984, Koweït)
Présenté en duo avec l’artiste égyptienne Lina Geoushy, Ibrahim Ahmed développe des collages qui interrogent sa perception du corps et des archétypes masculins. Par l’autoportrait, il découpe et recompose sa propre silhouette préalablement photographiée en reprenant les postures de son père, trouvées dans un album familial. Fragmentation, remodelage, transformation : l’artiste exprime littéralement la déconstruction du genre.
Les Rencontres de la photographie d’Arles
Du 3 juillet au 24 septembre 2023
rencontres-arles.com