Alors qu’Art-o-rama reconduit cette année son secteur dédié aux éditions et au design, le salon d’art contemporain marseillais accueille un nouveau vivier de jeunes talents. Parmi eux, une génération d’artistes nés dans les années 1990, venus du monde entier, qui s’emploie à faire évoluer les codes iconographiques vers d’autres lectures.
Aidan Duffy (né en 1995, Royaume-Uni)
Collecteur de matériaux organiques et synthétiques, Aidan Duffy élabore des sculptures qui examinent la porosité entre le vivant et l’inerte. En associant ces rebuts, il formule d’étranges formes tridimensionnelles dont l’armature principale évoque des squelettes et des vertèbres. Ses créatures hybrides, composées de textiles, de fragments de poterie ou encore de bois flotté, laissent percevoir une dimension tribale, voire primitive.
Aidan Duffy, Bobo sauvage with salsa fringing, 2022, jesmonite, époxy, fard à paupières, métal, bois, céramique, perles, tissu, 62 x 76 x 45 cm, unique, courtesy de l’artiste & South Parade (Londres).
Johannes Bosisio (née en 1994, Italie)
Prenant appui sur une “archéologie du futur”, l’artiste italien aime à se projeter dans un avenir où l’on découvrirait des restes technologiques issus du présent. À partir d’épaves de véhicules et de composants métalliques, Johannes Bosisio imagine des sculptures et des installations qui signent une esthétique robotique, où la machine contrôle et domine les formes organiques.
Johannes Bosisio, Sans titre, 2022, plastique formé sous vide, pinces, verre miroir, 70 × 70 × 40 cm, courtesy de l’artiste & Doris Ghetta (Ortisei).
Anastasia Sosunova (née en 1993, Lituanie)
Dans ses récentes recherches, Anastasia Sosunova a orienté sa production sur le “kodavimas” (“codage” en français) qui correspond à une thérapie de l’addiction basée sur un placebo, apparue dans les années 1980 grâce à des études cybernétiques. À travers ses sculptures et gravures sur métal, l’artiste met en lumière les limites des idéologies et du développement technologique au moyen d’œuvres qui semblent dans un état d’épuisement.
Anastasia Sosunova, The Visitation, 2022, cuivre, vernis, encre, câble, autocollants de tatouage temporaire, styrène brûlé éliminé après l’incendie d’un entrepôt, acier, résine époxy, petit morceau de béton provenant des locaux du parlement de Vilnius, tuyau d’alimentation en courant alternatif, dimensions variables, courtesy de l’artiste & eastcontemporary (Milan)
Masha Silchenko (née en 1993, Ukraine)
La jeune artiste, diplômée des Beaux-Arts de Paris, s’emploie à créer un univers de céramique où les formes fusionnent. Sensible aux systèmes de croyance animiste qu’elle a étudiés, Masha Silchenko fait éclore des images habitées par des figures fantaisistes : si la nature y occupe une place prépondérante, celle-ci n’est jamais représentée de manière réaliste mais s’inscrit davantage dans un potentiel exploratoire spirituel.
Masha Silchenko, Sans titre, 2021, céramique, émail, 25 × 16,5 × 3,5 cm, courtesy de l’artiste & IMPORT EXPORT (Varsovie)
Léo Fourdrinier (né en 1992, France)
Habitée par les mythologies antiques et contemporaines, la pratique de Léo Fourdrinier expérimente la conjugaison des formes archétypales et archéologiques. Avec un fort pouvoir symbolique, ouvrant de multiples lectures, ses installations misent sur de solides contrastes plastiques, définis pour désorienter tant dans l’espace que l’époque. L’artiste français tire ainsi les fils d’un récit atemporel, épique, peuplé d’intrigants collages.
Léo Fourdrinier, Discosoma, 2021, pierre, lentille en polycarbonate, 50 × 36 × 40 cm, courtesy de l’artiste & HATCH (Paris).
Yi To (née en 1995, Hong Kong)
En mêlant des techniques sculpturales et picturales, Yi To crée des assemblages éclatés qui empruntent et réinterprètent les codes corporels. Dans une palette terreuse et métallique, l’artiste basée à Londres affirme un langage symbiotique ponctué de symboles biomédicaux, technologiques et célestes. Une façon de relire la nature humaine, à peine perceptible dans ces sortes de fossiles cryptiques.
Yi To, Four legs good, two legs bad, 2023, aluminum, antenne TV, pâte époxy, acrylique, 30 × 100 × 35 cm, courtesy de l’artiste & Someday (New York).
Haena Yoo (née en 1990, Corée du Sud)
Basée à Séoul, Haena Yoo explore la notion de bien-être à travers le prisme de la circularité : la relation entre dépendance et interdépendance, les flux capitalistes qui s’y rattachent, les dissonances entre besoin et ressources. Son œuvre se lit à travers des schémas récurrents qui se nourrissent de matériaux et d’objets issus de cultures minoritaires, voués à exprimer sa vision de la néo-mondialisation.
Haena Yoo, Injection machine: Tu m’, 2022, vue d’installation, liquide fermenté, sel, tube PVC, inox, aluminium, acrylique, cire de cristal, verre, Advil, Tylenol, pilule de vitamine, herbe chinoise, texte imprimé sur papier de riz, Amway nutrilite Double- X, billet de loterie, pompe à eau, techniques mixtes, dimensions variables, courtesy de l’artiste & Bibeau Krueger (New York).
Xolo Cuintle (nés en 1995 et 1996, France)
Adepte des sculptures bétonnées, le duo formé par Valentin Vie Binet et Romy Texier s’attache à pétrifier des objets vernaculaires, tout en adoptant une signature ornementale. L’hétérogénéité de sa pratique, coincée entre un désir de simplification par la matière et une approche décorative, illustre un minutieux montage invitant à s’interroger sur ce qui appartient au rêve et à la réalité.
Xolo Cuintle, The guardian’s chair, 2021, acier, béton, 66 × 52 × 80 cm, courtesy des artistes & DS Galerie (Paris).
Camille Bernard (née en 1994, France)
Dans ses peintures, Camille Bernard rend compte d’un cadre frictionnel qui accueille des figures exposées à un environnement en mutation. Sa récente série Seuil (2023), composée de portraits immergés dans des scènes aquatiques, confronte valeur introspective et dimension interactive. Une plongée dans la psyché humaine, dominée par des nuances sombres qui résonnent comme un avertissement.
Camille Bernard, Seuil (Plongée), 2023, huile sur bois, 35 × 55 cm, courtesy de l’artiste & SISSI Club (Marseille)
Anna Schachinger (née en 1990, Autriche)
Diplômée de l’Académie des beaux-arts de Vienne, Anna Schachinger entreprend une révision de la peinture traditionnelle en y incorporant un discours queer et féministe. Ses formats de prédilection, de grands panneaux verticaux, se réapproprient l’héritage des fresques classiques par une profusion de motifs, à demi effacés, en all-over. Cette grammaire visuelle, dirigée par l’abstraction, investit les toiles de l’artiste autrichienne qui imagine une nouvelle forme de matérialité picturale.
Anna Schachinger, Seidenpyjama, 2021, huile, encre sur coton, 155 × 50 cm, courtesy de l’artiste & Sophie Tappeiner (Vienne)
Art-o-rama 2023
Friche la Belle de Mai – 41, rue Jobin 13003 Marseille
Du 31 août au 3 septembre 2023
art-o-rama.fr
