Art-o-rama : ces tendances à suivre à travers 15 artistes

Plateforme internationale dédiée aux scènes émergentes, le salon Art-o-rama fait converser les regards d’une jeune création motrice de nouvelles tendances visuelles. La Friche la Belle de Mai, à Marseille, accueille ce rendez-vous clé de l’art contemporain fin août.

Avec ses secteurs dédiés à l’art contemporain, le design et l’édition, Art-o-rama poursuit son projet prospectif de rendre visible une création émergente déverrouillant les disciplines. Si le salon acte cette catégorisation pour distinguer la production d’œuvres originales et en séries, il favorise néanmoins plus que jamais la perméabilité entre les médiums, les techniques, les images. Cette tendance à l’hybridation se mène sur plusieurs fronts : d’abord, la mixité des matériaux iconographiques au sein d’une même création. Les tableaux de Samir Laghouati-Rashwan (né en 1992, France) fixent dans la résine des découpages photographiques et typographiques aux côtés d’objets comme des chaînes tandis que la pratique picturale de Ben Gomes (né en 1989, Royaume-Uni) se joue hors cadre et explose les limites canoniques de la toile. Usant de ce même procédé de stratification, Samuel Haitz (né en 1997, Suisse) agit par le collage d’étiquettes commerciales fluo sur un tirage photographique en noir et blanc, unissant le corps biologique à une dimension mercantile. 

Parallèlement, certains artistes présentés à Art-o-rama mettent en jeu l’expression d’une forme de rêverie, perceptible comme l’indice d’une échappatoire ou d’une désillusion. La mélancolie prégnante des visages de Sonya Derviz (née en 1994, Russie), tout autant que le ciel fragmenté de Marc-Antoine Garnier (né en 1989, France), les portraits existentiels d’Andrés Baron (né en 1986, Colombie) ou les projections sans repères d’Elsa Werth (née en 1985, France), convoquent une psychologie humaine complexe et sensible. Mais cette distanciation de la réalité ne délaisse pas pour autant les ressources du monde concret : Libo Wei (né en 1994, Chine) prélève du quotidien des éléments domestiques pour en dresser d’étranges cadavres exquis tridimensionnels et Miriam Stoney (née en 1994, Royaume-Uni) compose des installations mémorielles au moyen de ready-mades. De son côté, la céramiste Chloé Vernerey (née en 1993, France) ne se contente pas de citer l’objet familier, elle le crée entièrement, à l’image de son bougeoir Trident (2023) qui s’inspire de codes rococo. Hannah Morgan (née en 1985, Royaume-Uni), quant à elle, se saisit des liens entre physicalité identitaire et environnement, par le biais de dispositifs rappelant une cartographie souterraine, hors sol.

À rebours de cet emprunt aux référents ordinaires, plusieurs artistes redorent le blason de l’abstraction, délaissée par la jeune création ces dernières années. Si Thomas Lélu (né en 1976, France) engage ce territoire dans une veine à demi figurative par le recouvrement d’images de presse avec un large rectangle monochrome, la forme géométrique s’explore également dans une voie sculpturale qui s’imprègne, elle aussi, d’une grammaire corporelle. Mural, un carré de cire gagne chez Sergio Prego (né en 1969, Espagne) des accents anthropomorphiques ; au sol, il s’intègre dans un système d’objets modulaires, mesurés en fonction du corps, chez Mercedes Pimiento (née en 1990, Espagne). L’artiste transgenre Elle de Bernardini (née en 1991, Brésil) poursuit pour Art-o-rama sa série “Contrasexual forms” qui s’approprie la représentation de zones érogènes pour donner lieu à des toiles sculpturales dans l’idée de créer un “système cellulaire en constante métamorphose”.


Art-o-rama
Du 30 août au 1er septembre 2024 at Friche la Belle de Mai
41, rue Jobin – 13003 Marseille
art-o-rama.fr


Samir Laghouati-Rashwan, Juvenile, 2024, photographies, résine, 40 x 50 cm. Courtesy de l’artiste et de SISSI Club (Marseille).

Ben Gomes, Buried Spring, 2023, huile sur toile, cadre en aluminium, 103 x 74 cm. Courtesy de l’artiste et de 243 Luz (Margate).

Samuel Haitz, Sale (After Lutz Bacher), 2021, C-print dans un cadre Lehni, accroché à des vis préexistantes, 130 x 91,5 cm. Courtesy de l’artiste et de Triangolo (Crémone).

Libo Wei, Pure goodness (Mandarin orange no.03), 2023, mandarines en bois, tiroir, brosse de nettoyage, 75 x 40 x 45 cm. Courtesy de l’artiste et de Sans Titre (Paris) © JinYong Lian.

Marc-Antoine Garnier, Cloud, 2019, impression pigmentaire sur papier Etching 310g monté sur bois, 120 x 105 cm. Courtesy de l’artiste, de la galerie Bacqueville (Lille) et d’Atelier Vis-à-Vis (Marseille).

Elsa Werth, Handmad, 2024, projection vidéo, couleur, silencieuse, en boucle, 29 min 18 sec. Courtesy de l’artiste et de BLOOM (Düsseldorf)

Sergio Prego, sintitulo, 2023, cire, 65 x 55 cm. Courtesy de l’artiste et de ethall (Barcelone).

Chloé Vernerey, Bougeoir Trident, 2023, porcelaine tournée et pastillée avec des coquillages, poignées tirées, émail Tenmoku, cuisson électrique, 22 x 11 cm. Courtesy de l’artiste et de Moly-Sabata (Sablons).

Andrés Barón,  Screen test no. 2 (Sinaï), 2023, impression  Impression jet d’encre sur papier baryté, monté sur aluminium, 49,6 x 40,2 x 3 cm. Courtesy de l’artiste et de DS Galerie (Paris).

Miriam Stoney, Between Dwelling (Katharina), 2022, carton gris, sacs de transport pour poissons d’aquarium, livres, dimensions variables. Courtesy de l’artiste et de house of spouse (Vienne). Photo © Flavio Palasciano.

Sonya Derviz, Deep above, 2024, charbon et huile sur lin, 20 x 30 cm. Courtesy de l’artiste et de Sherbet Green (Londres). Photo © Sonya Derviz.

Mercedes Pimiento, Untitled, projet Superficie Neutra (Neutral Surface), 2024, paraffine, cire d’abeille, fibre de verre, résine, acier, 50 x 75 x 75 cm. Courtesy de l’artiste et de Galería Isabel Hurley (Málaga).

Thomas Lélu, untitled, 2019, jet d’encre pigmentaire et sérigraphie sur toile tendue, 116 x 81 cm. Courtesy de l’artiste et d’Atelier Arcay (Paris).

Elle de Bernardini, Question of time #7, 2021, série “Contrasexual forms”, cuir teinté, vinyle et clou sur toile, 40 x 20 cm. Courtesy de l’artiste et de HATCH (Paris). Photo © Estudio em Obra.

Hannah Morgan, Framework for Descent, 2023, cadre en acier plié à la main avec dessin, 270 x 110 x 48 cm. Courtesy de l’artiste, de Xxijra Hii (Londres) et de Studio/Chapple (Londres).

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