Photos © Grégory Copitet
Texte : Camille Bardin
Les toiles de Nazanin Pouyandeh s’appréhendent par à-coups, se découvrent en une dégringolade. Les lignes qui les composent sont réalistes et malgré la profusion de détails on trouve naturellement la place de s’y projeter ; si bien que se meut face à nous une histoire a priori tout à fait claire et évidemment plausible. Mais la narration qui s’y joue n’a rien de linéaire : les réalités se chevauchent, se complètent et se contredisent. Il est donc question d’une multitude de récits que Nazanin Pouyandeh entremêle à souhait. Elle fait d’abord ouvertement référence à certaines scènes de l’Histoire de l’art, en reprenant ici l’Adam et Ève de Masaccio ou en figurant là-bas de joyeuses bacchantes enivrées. Puis de manière moins évidente, presque insidieuse, Nazanin Pouyandeh nomme ses toiles comme un écrivain poserait un titre sur la couverture de son roman : l’artiste présage une histoire qui en est peut-être une autre et laisse ainsi éclore de nouvelles réflexions. Que dire enfin de cette mise en abîme de la peintre entrain de formuler sa toile ? Finalement, J’ai été chassée du paradis n’appelle pas à la pieuse introspection mais implique qu’il a fallu payer un prix pour pouvoir jouir de sa liberté. Ce prix c’était rompre avec l’idéal de la représentation. Le galbe d’un trait ne sera jamais aussi bien courbé que celui d’une hanche, s’en émouvoir pour un artiste ce serait refuser d’être libre. Nazanin Pouyandeh a su se séparer de l’absolue perfection. Désormais, elle peint donc au-delà des contraintes. //
Exposition J’ai été chassée du paradis by Nazanin Pouyandeh
Jusqu’au 9 mai 2020 at galerie Sator
8 passage des Gravilliers 75003 Paris
www.galeriesator.com