“Contre-Nature”, la nouvelle exposition du MO.CO, abrite un environnement immersif peuplé de pièces en céramique organisées en trois climats différents qui, même dans leur diversité, mobilisent une exploration électrisante de l’essence du matériau.
Analysant et s’interrogeant sur les différentes couches et processus de transformation de la terre ainsi que des formes abondantes – et parfois paradoxales – qui peuvent en résulter, l’exposition “Contre-Nature” réunit une trentaine d’artistes qui nous invitent à habiter transitoirement cet écosystème singulier, presque vivant.
Entrer dans le premier climat qui introduit l’exposition, c’est débarquer dans une biosphère marine céleste et étincelante, qui rend une impression à la fois féerique, voire surnaturelle, et pourtant tout à fait naturelle et organique. Colorées, parfois kaléidoscopiques, de textures et de tailles variées, les pièces qui composent cet espace pourraient être confondues avec des récifs coralliens, des roches volcaniques ou des organismes de toutes sortes. Des œuvres comme celles de Claire Lindner semblent réellement en mouvement ; elles se métamorphosent sous nos yeux, changeant leurs teintes toxiques au fur et à mesure que l’on s’approche et que leur éclairage varie – ce qui les rend à la fois séduisantes et inquiétantes en raison d’une physicalité frappante.
En quittant cet espace magique et vibrant, nous rencontrons un scénario plus aride et minéral. Un changement d’esprit qui est accentué par la transition se produisant à travers une installation d’Anne Wenzel, Silent Landscapes (2006), qui réfléchit sur les processus de dévastation naturelle non seulement par le biais de l’aspect post-apocalyptique de l’œuvre mais aussi sur le processus même par lequel ses céramiques sont créées. Dans ce second climat, le procédé de transformation de la matière première prend de l’importance et les œuvres qui en résultent abandonnent le caractère vivant et ludique précédent pour un trait plus sombre et grimaçant, tout en invoquant encore une certaine qualité organique, ressemblant parfois à des créatures ou à des visages.
Prenant notablement de l’ampleur et adoptant de manière générale une identité plus architecturale, le dernier climat impressionne le spectateur d’une manière encore une fois rafraîchissante. Qu’il s’agisse de pièces ressemblant à des totems, de hautes sculptures ou de détails plus figuratifs, cette dernière partie de l’exposition glorifie la céramique par sa grandeur. Jouant avec les connotations culturelles, l’histoire de la matière, et incorporant parfois un récit porteur de références tout en conservant un côté fascinant, de nombreuses œuvres viennent clore l’exposition “Contre-Nature”, à l’image de l’installation de Marlène Mocquet, semblant sortie d’un conte de Grimm. •
Exposition “Contre-Nature”
Jusqu’au 4 septembre 2022 at MO.CO
13, rue de la République 34000 Montpellier
moco.art