New Faces : l’éden personnel de Stéphane Gizard

Propos recueillis par Maxime Gasnier

INTERVIEW // Avec la sortie de sa seconde monographie New Faces, Stéphane Gizard signe un ouvrage qui rassemble « un éden des possibles où la nostalgie n’a pas encore sa place ». Derrière cette pensée sensible, le photographe révèle une série de portraits qui associe esthétique de la mode et jeunesse idéalisée, à travers un regard personnel.

  • La jeunesse, le corps, le nu : ces trois thématiques fondent l’essence de ton travail. Que représentent-elles pour toi ?

Ce moment trop rapide où rien n’est fixe, où tout est possible, où la séduction, la recherche de soi, la fragilité et les questionnements intimes sont les maîtres-mots. Photographier, c’est arrêter le temps sur les corps, les peaux, les jolis visages. On me parle souvent de mes nus, mais dans New Faces, il y en a seulement trois sur deux cent trente photographies. En vérité, je n’en fais que très rarement !

  • Ces « New Faces » sont-ils à envisager comme des témoins photographiques de la jeunesse d’aujourd’hui ?

Je n’aurais pas cette prétention. Ils représentent un certain type de jeunesse, dans un milieu bien particulier. Ce n’est pas «La Jeunesse» mais une sorte de jeunesse idéale que le monde de la mode utilise. Un univers qui propose du rêve en idéalisant celle-ci. Cependant, par ce travail qui complète Modern Lovers et Like Me, j’entends bien effectivement laisser un témoignage daté de mon choix très personnel quant au casting. New Faces est un condensé de portraits sur une période allant de mai à novembre 2016, de jolis jeunes gens qui correspondent en tous cas aux attentes du marché.

  • Après Modern Lovers, il s’agit du second ouvrage que tu publies chez Bizarre Publishing. Comment est née votre rencontre et votre collaboration ? 

Nous nous sommes rencontrés il y a plusieurs années. Bizarre est un concept étonnant. Un lieu incroyablement créatif où se croisent de nombreux artistes (performers, photographes, écrivains, musiciens…) dans le quartier de Bushwick, à Brooklyn. C’est un endroit atypique regroupant un bar, une scène, une galerie et une maison d’éditons créée en 2013. Je devais être réédité par les éditions de La Martinière en 2015 pour Modern Lovers, mais suite au départ du directeur de la publication, tout a été annulé. Les maisons d’éditions françaises sont totalement frileuses et ne prennent aucun risque ! Je dirais même qu’elles sont un peu déconnectées. Bizarre Publishing a tout de suite accepté le nouveau projet et je crois bien que nous continuerons à collaborer ensemble dans une très grande liberté.

  • De quelle manière as-tu choisis les photographies publiées ? As-tu des critères esthétiques ?

Par élimination et rythme. J’avais trois cent quarante images et j’en ai gardé deux cent trente. Les meilleures.

  • Selon toi, quel rôle joue le photobook dans la carrière d’un photographe ?

C’est un bel objet de communication. L’objet matériel est beau et face aux écrans qui diffusent en permanence des photos, il est bon de retrouver le temps de se poser, de toucher, de sentir un livre. C’est quelque chose de très sensuel un livre… Et l’objet reste. Par ailleurs, New Faces délivre aussi un message… À chacun de comprendre !  //


New Faces by Stéphane Gizard
éd. Bizarre Publishing, 2017
www.stephanegizard.com


Stéphane Gizard, New Faces, 2017

Stéphane Gizard, New Faces, 2017

Stéphane Gizard, New Faces, 2017

Stéphane Gizard, New Faces, 2017

Stéphane Gizard, New Faces, 2017

New Faces : l’éden personnel de Stéphane Gizard