À Bilbao, Jorge Isla expose l’inexposable

Dans l’espace URIBITARTE40 de la fondation BilbaoArte, une installation de Jorge Isla (né en 1992, Huesca) étrenne sa première exposition personnelle. L’artiste espagnol y révèle un environnement qui rappelle celui du musée et de l’archivage, en s’appropriant les codes de l’imprimerie, autour d’œuvres disparues. 

Portée sur le questionnement de l’économie de l’image, “Material Control, Control Intangible” s’appuie en premier lieu sur la valeur de l’art. Ici, Jorge Isla propose un inventaire sous forme de catalogue, où, page à page, sont accrochées des fiches illustrées de photographies figurant différentes œuvres perdues au fil de l’Histoire. L’artiste laisse ainsi à la spéculation du visiteur leur estimation monétaire et leur appréciation. À travers ce processus de déviation, l’exposition remet en question la relation avec la photographie et son statut documentaire, en jouant avec ses usages traditionnels : initialement produits comme preuves juridiques, les clichés tiennent la fonction pure de reproduction des œuvres, tout en amincissant la distance entre modèle et copie. Par son geste, Jorge Isla expose ainsi l’inexposable, en donnant à voir des œuvres disparues. Dans un recoin de l’espace, un bureau isolé avec des feutres et des range-documents muraux évoque le fantôme de l’archiviste, qui semble rôder dans l’exposition.

Ce phénomène de réappropriation que Jorge Isla manifeste s’étend à l’exploration des qualités formelles de certaines images, en faible résolution. En résulte une collection de pixels que l’artiste espagnol soutient par un dispositif qui étouffe l’espace tout autant qu’il le protège. “Pour cette installation, j’ai utilisé du film plastique noir pour créer une sorte de labyrinthe enveloppant l’architecture de la pièce, comme s’il s’agissait d’un produit. Tant sur les murs de l’espace que les colonnes, j’ai installé cette documentation au sujet d’œuvres d’art volées, extraites d’une base de données : cela gravite autour de l’idée d’un matériau d’archive que je me suis approprié. Ces documents ont été intégrés à l’exposition avec un ruban adhésif bleu de conservation, couramment utilisé dans les musées et les institutions pour manipuler les œuvres d’art”, explique-t-il. Parallèlement, les matériaux d’emballage et de stockage font deviner un attachement particulier à l’imprimé : d’abord évident par les feuilles de papier A4 sur lesquelles sont imprimées les images en noir et blanc, celui-ci se poursuit avec des palettes où sont entassés les catalogues de l’artiste qui s’assument là, comme un fragment de l’installation, en plein cœur de l’espace d’exposition. 


Exposition “Material Control, Intangible Control” by Jorge Isla
Jusqu’au 10 mars 2024 at BilbaoArte (URIBITARTE40)
Paseo de Uribitarte, 40 – 48009 Bilbao (Espagne)
bilbaoarte.eus


Vue de l’exposition “Material Control, Intangible Control” de Jorge Isla, URIBITARTE40, Bilbao, 2024. Courtesy de l’artiste et de BilbaoArte.

Vue de l’exposition “Material Control, Intangible Control” de Jorge Isla, URIBITARTE40, Bilbao, 2024. Courtesy de l’artiste et de BilbaoArte.

Vue de l’exposition “Material Control, Intangible Control” de Jorge Isla, URIBITARTE40, Bilbao, 2024. Courtesy de l’artiste et de BilbaoArte.

Vue de l’exposition “Material Control, Intangible Control” de Jorge Isla, URIBITARTE40, Bilbao, 2024. Courtesy de l’artiste et de BilbaoArte.

Vue de l’exposition “Material Control, Intangible Control” de Jorge Isla, URIBITARTE40, Bilbao, 2024. Courtesy de l’artiste et de BilbaoArte.

Vue de l’exposition “Material Control, Intangible Control” de Jorge Isla, URIBITARTE40, Bilbao, 2024. Courtesy de l’artiste et de BilbaoArte.

Vue de l’exposition “Material Control, Intangible Control” de Jorge Isla, URIBITARTE40, Bilbao, 2024. Courtesy de l’artiste et de BilbaoArte.

Vue de l’exposition “Material Control, Intangible Control” de Jorge Isla, URIBITARTE40, Bilbao, 2024. Courtesy de l’artiste et de BilbaoArte.

Vue de l’exposition “Material Control, Intangible Control” de Jorge Isla, URIBITARTE40, Bilbao, 2024. Courtesy de l’artiste et de BilbaoArte.

À Bilbao, Jorge Isla expose l’inexposable