Par Maxime Gasnier
ÉDITION // Avec Vague souvenir, le plasticien François-Xavier Courrèges signe un ouvrage documenté par l’inconnu, où les fragments de corps caressent les motifs de papiers peints seventies. De l’extraction de la sphère intime vers l’édition publique, Jean Boîte Éditions célèbre ses collages inédits à travers un photobook assurément puissant.
Les corps ont une mémoire que le papier exhume. En choisissant d’associer des portraits photographiés de jeunes hommes anonymes à des papiers peints issus des années 70 et 80, François-Xavier Courrèges présente une collection d’images doubles, faisant écho au souvenir. «Vague souvenir» puisque rien ne permet de renseigner la provenance des éléments iconographiques ; l’artiste les a collectés auprès de marchands spécialisés pendant plus de trois années.
Ancré dans les pages aux côtés d’un essai d’Antoine Idier, le concept collagiste éclaire toute la complémentarité qu’offrent photographie et papier peint. D’un regard plastique, les motifs pop et colorés cernent tout en contraste les clichés sépia, parfois noir et blanc. Sémantiquement parlant, au-delà de la liberté d’interprétation qui s’offre au regardeur, c’est la temporalité qui sert de liant aux deux surfaces juxtaposées. Patterns graphiques, floraux, psychédéliques : il ne fallait pas meilleur cadre pour rendre hommage à ces corps érotiques, à cette mémoire gay des années hippies qui défie la pudeur et exhibe les esthétiques. //
Vague souvenir by François-Xavier Courrèges
Jean Boîte Éditions, 2017
Essai : Antoine Idier / Graphisme : Antoine+Manuel
www.jean-boite.fr