Josh Sperling réinvente la toile chez Perrotin

 

Par Maxime Gasnier

EXPOSITION // En autorisant la surface de la toile à épouser un relief contenu, Josh Sperling s’empare des murs de la galerie Perrotin pour exposer Chasing Rainbows. L’artiste new-yorkais signe une proposition d’envergure qui introduit une collision entre couleur et forme, peinture et sculpture, image et objet.

Quel autre langage que celui de l’abstraction peut autant s’ouvrir à l’imaginaire, libérer la pensée, réinventer le commun ? Par ses œuvres composites, Josh Sperling soutient un langage plastique qui lui est propre, multipliant les références et affirmant son identité. En assemblant divers panneaux contre-plaqués qu’il recouvre ensuite de toiles colorées, le plasticien simplifie et radicalise des images hétéroclites. Si personnages (Absent Lovers) et natures mortes (Rotten Eggs, Cheese and Gasoline) sont renseignés par le titre, rien ne prédit pour autant la sémantique originelle de ses compositions : sa démarche n’est pas liée au désir de représentation.

Josh Sperling abolit ainsi toute distinction entre planéité et relief, grâce à une formule énergique. En fonctionnant par strates, il accumule les perspectives, se joue des transparences et des opacités, introduit parfois un motif de style Memphis — dont il admire l’esthétique postmoderne, en particulier pour « ses formes improbables et ses couleurs outrancières ». Chaque forme monochrome est indépendante, mais l’aimantation avec d’autres au sein d’une même pièce fait naître une nouvelle forme. Une mise en abyme qui équilibre tension et complémentarité, pour manifester un ludisme optique évident. 

La valeur optique fait d’ailleurs partie intégrante des inspirations du New-yorkais. Au-delà de Frank Stella, de Paul Feeley ou encore de Bridget Riley, ses influences chromatiques et techniques rendent visible un ancrage certain dans l’Op art contemporain. Chez Josh Sperling, l’illusion se révèle par l’accumulation (en témoigne l’immense installation murale de signes curviformes) et mène le spectateur à une kinesthésie totale : corps dans l’espace, perception multi-repères ; ses arc-en-ciel aspirent autant qu’ils se propagent. //


Exposition Chasing Rainbows by Josh Sperling
Jusqu’au 24 février 2018 at Galerie Perrotin
76 rue de Turenne 75003 Paris
www.perrotin.com


Portrait of Josh Sperling, 2018 / Photo: Claire Dorn

Josh Sperling, Poppycock, 2017, acrylic paint on canvas and plywood, 81.3 x 50.8 cm © Farzad Owrang / Courtesy Perrotin

Josh Sperling, Knucklehead, 2017, acrylic paint on canvas and plywood, 139.7 x 137.2 cm © Farzad Owrang / Courtesy Perrotin

Josh Sperling, Lovey Dovey, 2017, acrylic paint on canvas and plywood, 95.5 x 86.4 cm © Farzad Owrang / Courtesy Perrotin

Josh Sperling, Absent Lovers, 2017, acrylic paint on canvas and plywood, 139.7 x 152.4 cm © Farzad Owrang / Courtesy Perrotin

Josh Sperling, Rotten Eggs, Cheese and Gasoline, 2017, acrylic paint on canvas and plywood, 203.2 x 172.7 cm © Farzad Owrang / Courtesy Perrotin

Josh Sperling, Natural Born Loser, 2017, acrylic paint on canvas and plywood, 99.1 x 86.4 cm © Farzad Owrang / Courtesy Perrotin

Josh Sperling réinvente la toile chez Perrotin