À l’occasion de l’édition 2021 de Paris Photo, The Steidz a repéré quinze photographes qui offrent au noir et blanc une nouvelle approche esthétique : s’affranchir du classique désir d’authenticité pour mettre en scène d’autres vérités. Sélection.
Après le temps fort artistique amorcé par la Fiac fin octobre, le Grand Palais éphémère accueille la nouvelle édition de Paris Photo du 11 au 14 novembre. 177 exposants — galeries et éditeurs — originaires de 29 pays seront réunis dans la foire internationale de photographie pour présenter un panorama de talents, qu’ils soient historiques ou émergents. Dans ce florilège d’images exposées, sous formes de tirages ou de livres, une pratique se démarque particulièrement : celle du noir et blanc, réinterprété à travers des intentions visuelles narratives qui diffèrent de l’habituelle valeur d’authenticité. Pourtant, ces photographies conservent leur caractère de témoin ; mais témoin de scènes fantasques, comme il en est question dans les clichés de Karolina Wojtas (née en 1996, Pologne) ou de Maria José Arjona (née en 1973, Colombie) qui s’amusent des codes de la sculpture et de la performance pour mettre en scène le corps dans des situations burlesques.
Le corps s’impose par ailleurs en protagoniste dans certaines photographies teintées d’un érotisme sous-jacent. C’est ce qui signe les images de Marc McKnight (né en 1984, États-Unis), de Marianne Marić (née en 1982, France) et d’Asger Carlsen (né en 1973, Danemark) qui, tour à tour, figent le corps nu dans des positions suggestives, entre l’acte sexuel et l’exhibitionnisme. La photographie en noir et blanc imprègne en parallèle d’autres thématiques, telles que l’accumulation. Collection ou multiplication de motifs, elle se confirme sous l’œil de Kincső Bede (né en 1995, Roumanie), Gabriele Stötzer (née en 1953, Allemagne) et Paolo Pellegrin (né en 1964, Italie) comme un moyen de mettre en évidence la répétition à travers des compositions aléatoirement maîtrisées.
Tendance complémentaire à la photographie, le photomontage s’affirme à Paris Photo comme l’évolution logique de l’image en noir et blanc, même si Ira Lombardia (née en 1977, Espagne) y accède en incorporant de la couleur. La technique, qu’elle soit issue d’une superposition argentique, digitale ou collagiste, s’offre une place de choix en tentant d’effacer les frontières entre figuration et abstraction : Yael Burstein (née en 1974, Israël), Ray K. Metzker (né en 1931, États-Unis) et Ralph Gibson (née en 1939, Israël) perturbent ce qui est reconnaissable pour créer une nouvelle iconographie. De leur côté, Giovanna Petrocchi (née en 1988, Italie), Noémie Goudal (née en 1984, France) et Matt Lipps (né en 1975, États-Unis) remettent en question la notion de perception grâce au procédé. Abolition des perspectives, diffraction de l’image ou mise en abyme contribuent à cette nouvelle fabrique de l’image. •
Paris Photo 2021
Du 11 au 14 novembre 2021 au Grand Palais éphémère
Place Joffre 75007 Paris
parisphoto.com