Art-o-rama : 10 artistes émergents à découvrir

À Marseille, le salon d’art contemporain Art-o-rama reprend ses quartiers à La Friche la Belle de Mai en rassemblant plus d’une soixantaine de galeries et d’éditeurs. Véritable carrefour des scènes artistiques émergentes internationales, la foire éclaire une nouvelle sélection de talents artistiques dont les pratiques s’amusent de l’image et de la matière. 

James Fuller (né en 1988, Royaume-Uni)

Mélange volontaire de malléabilité et de fixité, l’œuvre de James Fuller saisit par sa représentation d’un monde qui entrecroise les codes artisanaux avec ceux du numérique. Présenté par la galerie londonienne South Parade, son nouvel ensemble de sculptures se prête au jeu du rituel, de la ruine et de l’alchimie comme en témoignent ses volumes modelés dans la cire qui réinterprétent les notions de langage et d’écriture.

James Fuller, Soft Furnishings, 2021, cire et composite minéral, colorant, 40 x 35 x 30 cm, courtesy de l’artiste & South Parade

Sophie Serber (née en 1993, États-Unis)

Intégrée au duo show qui l’associe à l’artiste Edin Zenun dans la section “Dialogue” du salon, Sophie Serber met en image le risible et le contresens, à l’image de son installation Gravity Sucks Again (2017). Dans cette proposition à l’initiative des galeries viennoises Zeller van Almsick et Shore Gallery, la jeune artiste américaine compose une idée de la caricature autour de la figure du clown, clin d’œil tragicomique à ce qui définit sa pratique.

Sophie Serber, Gravity Sucks Again, 2017, courtesy de l’artiste & Shore Gallery

Georgina Maxim (née en 1980, Zimbabwe)

Représentée par la galerie parisienne 31 Project, Georgina Maxim assume le réemploi de la matière textile dans ses œuvres en déconstruisant des vêtements de seconde main pour en créer des pièces murales abstraites. Par la broderie, la couture et le tissage, la plasticienne use du fil pour affirmer, en trois dimensions, l’absence corporelle : un travail qui relève à la fois de l’identité et de l’anonymat, néanmoins lié à la mémoire individuelle. 

Georgina Maxim, Ane mweya wemadzinza (She has a family curse), 2020, textile et technique mixte, 195 x 150 cm, courtesy de l’artiste & 31 Project

Lou Masduraud (née en 1990, France)

Les galeries Pierre Poumet (Bordeaux) et A. Romy (Zurich) s’associent dans le cadre de la section “Dialogue” pour présenter un concept architectural à l’appui de trois artistes : Lou Masduraud, Angélique Aubrit et Ludovic Beillard. Sur le stand du salon, des doubles parois permettent au visiteur d’observer le “montré” et le “dissimulé” ; une double lecture soutenue par des sculptures intégrées aux murs et au plafond, comme les soupiraux que Lou Masduraud réinterprète dans sa série Plan d’évacuation. Celle-ci se caractérise par une esthétique de l’étrange, évoquant cicatrices et mal-être intérieur.

Lou Masduraud, Plan d’évasion (suture), 2021, céramique émaillée, 67 x 30 x 9 cm © Aurélien Môle, courtesy de l’artiste & galerie A.Romy

Paula Kamps (née en 1990, Allemagne)

L’artiste allemande Paula Kamps, basée à Chicago, signe un solo show proposé par la galerie Sans titre. Une dizaine de peintures produites pour l’occasion témoignent d’une pratique décloisonnée qui associe des techniques picturales inspirées de l’aquarelle et du dessin. Portraits de personnages ou items divers flottant dans les toiles, l’iconographie de Paula Kamps manifeste une appétence pour le costume et la mise en scène, toujours lié à une certaine performativité. Un goût de l’accoutrement synonyme d’appartenance culturelle, qui se noie ici dans des lavis colorés, fluides et propices à la contemplation.

Paula Kamps, By My Own Route, 2022, pigment, glutine et encre sur toile, 25 x 20 cm, courtesy de l’artiste & Sans titre

Marinella Senatore (né en 1977, Italie)

Intégrée à un group show dédié aux pratiques collagistes proposé par ADN Galeria (Barcelone), Marinella Senatore formalise par le biais de ses œuvres un regard critique sur la scène sociale et politique globale. Flirtant avec le photomontage en associant des images relayées par les médias, l’artiste déploie une vision qui prouve la complexité du monde contemporain en appelant aux valeurs historiques, patrimoniales, culturelles et capitalistes qui définissent notre société. Jeux d’échelles, aplats de couleurs et incrustations de motifs mettent l’accent sur une hiérarchisation sous-jacente. 

Marinella Senatore,  Speak easy 2, 2017, collage de médias mixtes, 50 x 70 cm, courtesy de l’artiste & ADN Galeria

Kristina Õllek (née en 1989, Estonie)

Exploratrice des territoires qui confondent synthétique et naturel, la plasticienne Kristina Õllek fonde son travail sur des observations de l’impact humain sur l’écologie marine, en particulier la mer du Nord. Ayant vécu aux Pays-Bas entre 2018 et 2020, elle a développé un intérêt pour la zone côtière néerlandaise où l’aquaculture locale révèle des paradoxes entre infrastructures artificielles et écosystèmes marins à préserver. À l’invitation de la FOKU (Estonian Union of Photography Artists), elle présente un ensemble de sculptures et de photographies qui marquent la variabilité de cet espace fragile à l’appui de matériaux comme le sable, les coquilles d’huîtres et le silicone.

Kristina Õllek, No Spa, But Urgency, 2020, acrylic, cadre bouleau recouvert de sable, 55 x 70 cm, courtesy de l’artiste & FOKU

Leontios Toumpouris (née en 1982, Chypre)

Connu pour la matérialité expressive de ses œuvres qui prend vie à travers la sculpture et l’installation, Leontios Toumpouris poursuit son exploration des liens entre le corps et la terre avec l’exposition “Briefly eternal” présentée par Eins Gallery (Limassol). En travaillant le verre fondu et l’acier, le plasticien intègre dans son processus d’œuvres abstraites des reliquats issus du paysage chypriote tels que des roches, fossiles, argiles et autres minerais. Le vocabulaire qu’il formalise s’implique ainsi dans une représentation à la fois géologique et organique, avec des échos aux gestes humains qui façonnent le territoire.

Leontios Toumpouris, SOM #3, 2020, argile cuite au bisque (grès, faïence, pierre de terre et bentonite calcique), diptyque, 25 x 20 x 1 cm chacun, courtesy de l’artiste & eins gallery

Antoine Donzeaud (né en 1985, France)

Appliqué à souligner la présence des images et la manière dont l’être humain les appréhende, Antoine Donzeaud crée en ne négligeant pas l’importance du cadre, qu’il soit objet ou écran. Adepte d’une certaine verticalité, le plasticien confronte au regardeur des “présences digitales” installées dans des alcôves construites au moyen de châssis en bois sur lesquels sont apposés des montages vidéos réalisés par ses soins ou imaginés par d’autres créateurs digitaux. Des sortes de “fenêtres” tridimensionnelles ouvertes vers l’immatériel, à l’invitation d’Exo Exo.

Antoine Donzeaud, Normal Life (edit 3), 2021, spray et poussière sur polythène, vidéo digitale, bois, 186 x 120 cm, courtesy de l’artiste & Exo Exo

Mégane Brauer (né en 1994, France)

À l’occasion du “Dialogue” entre les galeries LambdaLambdaLambda (Pristina) et Air de Paris (Romainville), la jeune plasticienne Mégane Brauer expose en duo au sein d’Art-o-rama avec l’artiste Brilant Milazimi. Avec une pratique orientée vers la mise en exergue de la précarité sociale, elle invite par la performance et l’installation à se confronter à une réalité dérisoire, mise en scène par des situations ubuesques. Une critique permanente de la lutte des classes qui est repris par sa série d’œuvres en trois chapitres intitulée Mordre et tenir.

Mégane Brauer, Tout doit apparaître, 2018, sac en papier imprimé (logo des Allocations Familiales), 42 x 27 cm, édition de 90, courtesy de l’artiste & Air de Paris


Art-o-rama 2022
Friche la Belle de Mai – 41, rue Jobin 13003 Marseille
Du 25 au 28 août 2022 

art-o-rama.fr


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