« Habibi, les révolutions de l’amour », la nouvelle exposition de l’Institut du monde arabe, rassemble plusieurs artistes LGBTQ+ internationaux. Du Maroc à la Syrie en passant par l’Iran, ces plasticiens explorent le monde contemporain à travers la représentation d’identités non hétéronormées.
Parfois par les biais de l’humour, d’autres fois avec une vision plus critique, les travaux présentés dans l’exposition « Habibi, les révolutions de l’amour » y déploient les interrogations sociales, personnelles et esthétiques des minorités queer. Les œuvres apportent de nouvelles pistes de réflexion au sein de la communauté LGBTQ+, tissant de nouveaux idéaux de vie face à une société majoritairement ancrée dans des relations de pouvoir abusives.
Ces artistes revisitent les codes de la tradition orientaliste tout en questionnant le canon du genre. Le travail de Alireza Shojaian (né en 1988, Téhéran) en constitue l’un des exemples notables car, en mêlant l’héritage persan aux influences occidentales, il parvient à dépasser la vision traditionnelle du corps. Ses représentations de sujets nus ou partiellement découverts, couplées à un puissant caractère de vulnérabilité, offrent une redéfinition du concept de virilité. Le projet photographique de Camille Farrah Lenain (née en 1990, Paris) est aussi hanté par ces interrogations. En hommage à son oncle disparu, elle présente six portraits photographiques témoignant des identités riches et plurielles, queers, arabes et musulmanes, en redéfinissant leur propre héritage religieux.
La question de l’intime est également au cœur de cette exposition. Ainsi, dans la série de dessins intitulée Bed Works, Soufiane Ababri (né en 1985, Rabat) présente la chambre comme un abri face au monde extérieur, mais aussi comme un espace où se jouent de rapports de force entre pouvoir et désir. L’artiste montre une façon de vivre la sexualité qui s’éloigne des valeurs morales liées à la famille et à la religion. En outre, les photographies et les correspondances virtuelles cryptées du duo Jeanne & Moreau (basé à Beirut et Marseille) représentent l’aspiration de ce couple à être ensemble lorsque la seule option possible semble être la fuite. Les bouquets de fleurs témoignent des différents espaces de vie dans lesquels elles ont séjourné.
L’exposition « Habibi » ambitionne de s’adresser à la société dans son ensemble, et pas seulement aux communautés homosexuelles et transgenres, explorant des territoires timidement représentés dans l’histoire de l’art. En ce sens, les artistes s’affranchissent des récits classiques des cultures arabes à travers des interrogations et des témoignages sur l’identité de genre et l’amour, reformulant les espaces de l’intime, du quotidien, ainsi que de l’engagement. Au-delà de l’exposition, des événements tels que des performances, des spectacles de voguing ou de drag accompagnent ponctuent notamment cette programmation.•
Exposition “Habibi, les révolutions de l’amour”
Jusqu’au 19 février 2023 at Institut du monde arabe
1 rue des Fossés-Saint-Bernard – 75005 Paris
imarabe.org