La galerie Romero Paprocki inaugure son espace parisien dans le Marais, avec une ode au foot et à la culture populaire des années 90 : l’artiste Mario Picardo, influencé par les jeux vidéos, les dessins animés et les bandes dessinées de son enfance, parvient à nous transporter dans une nostalgie cartoonesque.
Kick-Off, jeu vidéo culte du début des années 90, donne son nom à la nouvelle exposition de Mario Picardo (né en 1985, France). Dès son plus jeune âge, l’artiste s’est senti proche du football, car il a grandi à côté d’un stade qui rassemblait des gens issus de tout son quartier. Les peintures et dessins de l’artiste d’origine chilienne mettent ainsi en avant le football comme lien commun entre différentes générations. Influencé par des artistes tels que Philip Guston, Peter Saul et Michel Majerus, qu’il découvre alors qu’il est encore à l’École des Beaux-Arts de Paris, ainsi que par la figuration narrative de Bernard Rancillac, l’artiste présente dans « Kick-Off » une quinzaine de tableaux aux couleurs flashy et entrecroise des références issues du monde des comics, dessins animés et des jeux vidéos. Combinant son goût pour l’expressionnisme américain et la culture pop, son travail semble habité par des tensions entre abstraction et formes figuratives.
Mario Picardo se souvient encore de nombreux moments passés dans le camion de son père, peintre en bâtiment, qui l’utilisait comme atelier ambulant. Ce dont il a hérité de lui est un intérêt pour l’optimisation et la récupération des matériaux. Depuis, l’environnement urbain est devenu une source d’inspiration quotidienne. À la manière du chiffonnier, Mario Picardo collecte les traces de notre société, des cartes Panini aux vieilles bandes dessinées ou aux paquets de bonbons, qu’il n’hésite pas à filmer et à photographier. Nourri par ses études en sémiologie, Picardo développe une sorte de collection qu’il transpose en de nombreux dessins sur des carnets entiers. Par l’exercice de la peinture, il donne une nouvelle valeur et énergie aux signes et aux formes de la ville. Picardo cherche à transformer les images que chacun a de la culture populaire par l’utilisation des différentes couches qui, fonctionnant comme des mises en abîme, lui permettent de restituer les narrations.
De même, les matériaux que l’artiste utilise constituent pour lui une opportunité de s’approcher de l’artisanat populaire, puisqu’il fait un usage intensif de matériaux de construction et, en particulier, de polyuréthane, qu’il pulvérise sur ses œuvres alors que la peinture est encore fraîche. Picardo démontre ainsi son désir d’élever l’artisanat au rang d’art. Les ballons, les chaussures de football, les filets d’un but se présentent devant nous sur des couleurs d’une intensité remarquable, comme c’est le cas notamment du vert émeraude qui, faisant référence au terrain, reste omniprésent dans ses œuvres. Mario Picardo parvient à transcrire le mouvement de telle manière que l’intérieur de ses tableaux semble prendre vie. Ses grandes toiles enveloppent le spectateur, l’entraînant au cœur de l’action. Devant elles, l’œil hésite et s’attarde, cherchant à suivre le récit de cette explosion de couleurs, de textures et de formes, si personnelle à l’artiste. •
Exposition “Kick-Off” by Mario Picardo
Jusqu’au 3 décembre 2022 at galerie Romero Paprocki
8, rue Saint-Claude – 75003 Paris
romeropaprocki.com