On a aimé : Rafael Moreno chez Gaudel de Stampa

Rafael Moreno (né.e en 1993, Colombie) manipule des objets banals trouvés dans la vie quotidienne qui incarnent une certaine domination. Par le biais de la théâtralité et de l’humour, l’artiste crée une caricature d’un monde qui semble s’écouler, dans le but ultime de le transcender.

Tout d’abord trouvés, puis manufacturés et enfin sculptés, les objets présentés par Rafael Moreno lui permettent de développer un récit comique et critique des symboles de la puissance occidentale. Comme dans une pièce de théâtre, l’artiste présente tous ses personnages sur la toile de fond d’une grande ville. Parmi tous ses personnages-acteurs, on trouve des squelettes imprimés en 3D, des mouches en pâte Fimo ou un chien fait de bolivars vénézuéliens. Tous ses objets semblent incarner un vocabulaire numérique, notamment celui des mèmes et des gifs, croisant un sentiment d’épuisement et de dépression à l’ égard du pouvoir et de l’argent. En effet, dans cette installation, Moreno révèle les histoires cachées d’une ville qui semble vouloir s’effondrer à tout moment, comme si on s’immergeait dans une œuvre de science-fiction.

La notion de falsification est centrale dans le travail de Rafael Moreno. Selon l’artiste, de même que l’on peut parler de marchandises et de personnes clandestines, il doit exister des identités contrefaites. Tout comme les contrefaçons marchandes, ces existences falsifiées tentent de s’inscrire dans une logique normative, se faisant passer pour ce qu’elles ne sont pas. À partir du remake, du pastiche ou de la collection, Rafael Moreno entreprend un processus de désappropriation consistant non seulement à imprégner d’affects les choses inanimées, mais aussi à fausser les symboles du pouvoir. En effet, grâce à son usage du faux, ses sculptures seront dépourvues de leur signification première, donnant lieu à des readymades émancipés de toute valeur fixe.

À travers des références culturelles à la fois queer et latino-américaines, l’artiste colombien.ne parvient à redéfinir les champs de la visibilité sociale : les imitations des mimes et les contrefaçons des faussaires constituent une invitation aux minorités à s’approprier le langage du pouvoir, ainsi que ses stratégies de survie. À travers le déploiement de cette exposition, Rafael Moreno réalise une critique de la domination culturelle, politique et économique des États-Unis et de l’Europe sur son propre pays et l’Amérique latine en général. Pour autant, cette condamnation n’est pas à comprendre du point de vue d’un nihilisme passif, car elle constitue une reformulation de notre monde, ainsi qu’une invitation à le subvertir de notre propre gré.


Exposition “MIMES” by Rafael Moreno
Jusqu’au 7 janvier 2023 at galerie Gaudel de Stampa
49, quai des Grands Augustins – 75006 Paris
gaudeldestampa.fr


Rafael Moreno, Untitled, 2022, courtesy of galerie Gaudel de Stampa

Rafael Moreno, Untitled (Depression) / Untitled (GATE), 2022, courtesy of galerie Gaudel de Stampa

Rafael Moreno, Untitled, 2022, courtesy of galerie Gaudel de Stampa

Rafael Moreno, Untitled, 2022, courtesy of galerie Gaudel de Stampa

Rafael Moreno, Untitled (Cockworks), 2022, courtesy of galerie Gaudel de Stampa

Rafael Moreno, Untitled, 2022, courtesy of galerie Gaudel de Stampa

Rafael Moreno, Untitled (Strategy), 2022, courtesy of galerie Gaudel de Stampa

Rafael Moreno, vue de l’exposition “MIMES”, 2022, courtesy of galerie Gaudel de Stampa

On a aimé : Rafael Moreno chez Gaudel de Stampa