L’exposition consacrée à l’Iranienne Arghavan Khosravi chez STEMS, à Bruxelles, questionne la liberté des femmes. Un sujet universel et particulièrement d’actualité à l’heure où les droits fondamentaux humains sont remis en cause dans le pays originaire de l’artiste.
Arghavan Khosravi (née en 1984, Iran) témoigne de sa perception de la condition féminine en tant que femme iranienne vivant aux États-Unis. Elle place les femmes au centre de son travail, analyse leurs libertés – vestimentaires, d’expression, de mouvement, de culte. Au sein de l’espace bruxellois de STEMS Gallery, dix œuvres sont présentées au public, dont la majeure partie d’entre elles sont conçues pour l’exposition. Arghavan Khosravi utilise plusieurs matériaux tels que l’acrylique, le textile, le bois et la corde, qui apportent du relief à son travail riche en symboles.
L’impression joyeuse qui émane des portraits peints, par les couleurs chaudes et lumineuses, est contrebalancée par le poids des outils de guerre. La douceur des tons contraste avec la dureté des scènes de corps bridés, de visages censurés et de mains liées. De manière subtile et au sein de compositions harmonieuses, la femme est immobilisée par des chaines, par le poids de boulets de canons, menacée par des armes, des missiles, ou encore d’autres symboles de domination visant à l’assujettir. Il en demeure néanmoins une grande dignité, les figures féminines restent fières et ne sont pas victimes : leurs corps s’enflamment, brûlent, épris d’un besoin de liberté. En réponse à cette aspiration vitale et face aux menaces extérieures, un halo subtil vient très souvent envelopper une partie de leur silhouette et souligner par une touche de lumière presque céleste les mains ou la taille, autorisant ainsi la croyance en une protection divine, bienveillante. Les œuvres d’Arghavan Khosravi tendent vers un message d’espoir et de soutien.
Un autre élément important sont leurs chevelures, malgré l’absence majeure des visages entiers. Détaillés minutieusement et empreints de réalisme, tantôt couverts d’un voile, tantôt laissés libres, tressés, attachés ou coupés – faisant écho au geste symbolique des femmes militantes –, les cheveux sont ici synonyme de liberté et centraux au sein de l’exposition. En se replongeant dans ses souvenirs, Arghavan Khosravi analyse les multiples façons de se présenter au monde au sein de la sphère privée ou publique, telles que les manières de se vêtir ou les habitudes comportementales. Différents éléments archétypaux d’Iran, des motifs architecturaux et des miniatures persanes, inspirées de celles qui illustraient les textes folkloriques d’autrefois, ouvrent un dialogue entre le passé de son enfance et les conflits actuels qui demeurent dans le pays. •
Exposition “Forced to be a Saint” by Arghavan Khosravi
Jusqu’au 28 janvier 2023 at STEMS Gallery
Rue du Prince Albert, 4 – 1050 Bruxelles
stemsgallery.com