« Cette inondation-là, mais en mieux », exposition inscrite dans le cadre de la résidence croisée « Eaux courantes » entre Bétonsalon et Pauline Perplexe, a mis en valeur la Bièvre à travers une proposition de plusieurs œuvres axées sur le thème de l’eau et son écoulement.
Les deux maisons de Pauline Perplexe sont situées au bord de la Bièvre, rivière qui, avant d’être ensevelie à la fin du XIXe siècle et d’être raccordée aux égouts parisiens dans les années 1950, coulait à ciel ouvert pour rejoindre la Seine. Afin de mettre en valeur cet affluent de la Seine, Mathilde Belouali-Dejean, commissaire de l’exposition chez Pauline Perplexe, a proposé des œuvres qui allient texte et voix, et tournent autour du thème du jaillissement, de l’écoulement et du débordement. Elle s’est également inspirée de Tabor (2021), roman de Phoebe Hadjimarkos-Clarke, qui raconte l’histoire d’amour de Mona et Pauli, lesquelles, après avoir vu leur village s’effondrer à cause d’importantes inondations, décident de créer un nouveau monde.
Ainsi, tout comme nous nous regardons à travers l’eau d’un lac ou d’une fontaine, nous nous voyons reflétés dans les sculptures en laiton chromées de Charlie Boisson (né en 1980, France). Par un jeu de reflets et de profondeur, l’artiste explore les limites des choses ; ces limites qui, comme dans le cas de l’eau, nous effraient autant qu’elles nous fascinent. En outre, les petits formats en gouache de Marion Chaillou (née en 1985, France), évoquent l’atmosphère qui semble imprégner le roman de Tabor : la mélancolie des retrouvailles. Ses peintures, tant pour leurs couleurs pastel que pour le caractère fragmentaire qu’elles donnent au récit, pourraient être comprises comme des instantanés d’un journal intime.
Enfin, l’œuvre d’Anna Reutinger (née en 1991, États-Unis) fait écho aux propriétés mystiques des eaux de la Bièvre, longtemps invoquées pour expliquer la présence de teinturiers et de tanneurs sur ses rives. À cette fin, l’artiste documente les mouvements de révolte des paysans et des artisans de la fin du Moyen Âge dans toute l’Europe. Dans son travail, elle s’inspire des méthodes de teinture de l’époque, ainsi que de certains végétaux tels que le chou, la bourdaine, l’oignon ou la garance, connus pour leurs vertus. Par ailleurs, l’exposition s’est également ponctuée des œuvres de Yasmine El Amri, Léa Rivière et Yoann Dumel-Vaillot, servant de prolongement aux détournements d’eau et à toutes ces légendes auxquelles nous croyons encore. •
Exposition collective “Cette inondation-là, mais en mieux”
Du 3 décembre au 8 janvier 2023 at Pauline Perplexe
90, avenue de la Convention – 94110 Arcueil
paulineperplexe.com