Melchior Tersen, cartographe de la subculture

Exposant le fruit de sa résidence au sein du Fonds de dotation Weiss, à Paris, Melchior Tersen (né en 1987, Issy-les-Moulineaux) révèle une cartographie sensible de l’espace urbain, par le biais de la photographie et de l’installation. En juxtaposant objets et images documentaires, le jeune artiste met en forme un canevas de thématiques pour définir sa propre fiction.

Entre collectionneur et archiviste, comment te situes-tu dans ta pratique ?

Melchior Tersen : Je suis artiste, et j’aime parler de ce que je trouve, parfois de mes achats. Je dois avoir des troubles d’achats compulsifs, j’endigue ça en achetant des trucs qui vont s’inscrire dans mon travail d’une manière ou d’une autre. Mais quand je suis occupé, je n’achète rien. Comme l’a dit le rappeur Lacrim : « C’est quand on s’ennuie que l’on fait des achats ». Je suis un bon acheteur, un mauvais vendeur. J’aime les choses simples bien faites. Ce que j’achète n’a de raison que d’être montré et partagé : j’aime partager ce que je découvre. J’explore des domaines et j’en délivre les récits, finalement. Cela peut passer par plein de mouvements, y compris accumuler des affaires dans le but d’en faire un projet.

En quoi la notion de “subculture” t’intéresse-t-elle particulièrement et comment est-elle liée à ton expérience personnelle ?

Melchior Tersen : J’ai compris que j’avais des amis et des fréquentations extrêmement différents avec chacun son monde, sa culture, sa religion. Les personnes qui ne veulent pas être comme tout le monde se créent des communautés rassurantes. Moi, j’aime les accomplissements humains. Grands ou petits. C’est la diversité d’esprit et la non-norme que j’essaie de mettre en valeur. Je milite pour que chaque personne vive sa vie sans l’oppression des autres. Et plus je rencontre de gens différents, plus j’y crois. Je ne me suis jamais senti impliqué intégralement dans un mouvement ; même le mien, j’en doute quotidiennement. Cela fait longtemps que le concept de subculture est obsolète, me semble-t-il.

Comment définirais-tu ton projet exposé au Fonds de dotation Weiss ?

Melchior Tersen : Hybride. Je dirais que je me suis davantage lâché que d’habitude, lorsque j’essaie de répondre à la commande. Là, c’était différent. J’ai eu le temps de monter une exposition, de faire des tests, de réfléchir sur plusieurs points que je néglige habituellement par manque de temps, de moyens ou par paresse. Le concept de l’exposition était inspiré d’un dessin animé Disney transposé dans la réalité. Je me suis dit que si je devais écrire et réaliser un Disney, ce serait l’histoire de Django, jeune pittbull de banlieue qui quitte le parc à chiens où il grandit pour aller à la découverte de Paris : il traverserait plein d’aventures, de lieux différents qui l’amèneraient jusqu’au château de Disneyland. Il y a un héros animal, une princesse, des personnages loufoques, un dragon. Mon exposition parle du sentiment d’évasion via l’étrange prisme rêveur de Disneyland Paris. Et j’ai agrémenté l’exposition de petites sculptures qui vont créer une ambiance. J’aime les emballages, les sacs. La grève des éboueurs m’a offert tout le matériel nécessaire à portée de mains. C’est ma manière de porter l’exposition à bout de bras. De m’y investir complètement en la composant d’éléments réels et contemporains.


Exposition by Melchior Tersen
Jusqu’au 2 avril 2023 at Fonds de dotation Weiss
28, rue Paul Valéry – 75116 Paris
fondsdotationweiss.com


Vue de l’exposition de Melchior Tersen, 2023, Fonds de dotation Weiss (Paris) © Romain Darnaud

Vue de l’exposition de Melchior Tersen, 2023, Fonds de dotation Weiss (Paris) © Romain Darnaud

Vue de l’exposition de Melchior Tersen, 2023, Fonds de dotation Weiss (Paris) © Romain Darnaud

Vue de l’exposition de Melchior Tersen, 2023, Fonds de dotation Weiss (Paris) © Romain Darnaud

Vue de l’exposition de Melchior Tersen, 2023, Fonds de dotation Weiss (Paris) © Romain Darnaud

Vue de l’exposition de Melchior Tersen, 2023, Fonds de dotation Weiss (Paris) © Romain Darnaud

Melchior Tersen, cartographe de la subculture