Avec son défilé automne-hiver 2023-2024, le créateur belge Walter Van Beirendonck téléporte la fashion week parisienne dans une atmosphère plastique aux accents antimilitaristes et sadomasochistes. Quitte à redessiner la silhouette corporelle traditionnelle.
À la Salle Wagram, les premiers modèles emboîtent le pas sans être totalement humaines, ni entièrement robotiques. C’est de cette confusion de l’identité du corps que Walter Van Beirendonck (né en 1957, Anvers) révèle un vestiaire qui exploite les contours de la silhouette pour les réviser. En premier lieu, ce sont des excroissances qui viennent décorer les têtes et habiller les vestes : zippées ou simplement ornementales, ces formes en relief signalent ici les premiers indices d’une sorte de protection corporelle, comme de petits airbags directement greffés aux vêtements. Cette idée de carapace se prolonge avec les pièces suivantes, où les blousons et chemises oversize s’affirment dans des coupes ultra boxy et où les cols de mailles n’hésitent pas à couvrir la moitié du visage.
Acte de prévention ou de défense, la collection s’inscrit sans nul doute dans une voie antimilitariste qui révise les codes de la combinaison de combat. Adepte d’une esthétique humoristique et sadomasochiste, Walter Van Beirendonck poursuit cette idée en n’hésitant pas à masquer, partiellement ou totalement, les visages ; reliquat des contraintes sanitaires ou effacement identitaire ? Les expressions humaines sont effacées par la matière textile et plastique, elles sont aliénées, parasitées. Et par extension, le corps devient autre, il s’improvise extraterrestre, en adoptant notamment des styles colorblock qui flirtent avec une nature ovniesque. •
Collection “WE NEED NEW EYES TO SEE THE FUTURE”
by Walter Van Beirendonck
waltervanbeirendonck.com