Heterotopia : une Biennale de l’Image Tangible désinvolte

Dans l’Est parisien comme dans le cœur de la capitale, la Biennale de l’Image Tangible sème ses nouvelles expositions pensées autour de l’émancipation des pratiques photographiques traditionnelles. Orienté cette année vers l’humour, le cynisme et la désinvolture, l’événement s’affirme à contre-courant d’un climat globalement anxiogène. 

“Un espace de décompression où utopies et dystopies deviennent un peu plus tangibles” : voilà un leitmotiv qui se fait remarquer à l’heure actuelle, où les climats sanitaires, géopolitiques et sociétaux sont obscurcis. Durant un mois, la troisième édition de la Biennale de l’Image Tangible fait ainsi rayonner, via une exposition phare et neuf autres satellites, une sélection d’artistes photographes dont la pratique et la vision naviguent à contre-courant des angoisses actuelles et sombres prophéties ponctuant notre aujourd’hui.

Intitulée “Heterotopia”, l’exposition principale qui s’établit au 24 Beaubourg s’appuie sur des recherches formelles, souvent portées par les possibilités techniques et expressives des nouvelles technologies. Les seize talents internationaux présentés — Tadao Cern, Amir Chasson, Cyriak, Frederique Daubal, Nicolas Deville, Sandrine De Pas, Anne de Vries, Lingfei Guan, Rachel De Joode, Philippe Katerine, Manon Pretto, Marie Serruya, Roman Signer, Olie Sorenson, Letha Wilson, Erwin Wurm — mettent alors l’emphase sur une vision alternative du monde, en opérant via des images fantaisistes, éloignées de tout discours et de toute morale.

Reprenant le concept d’hétérotopie fondé par Michel Foucault, le titre de l’exposition éclaire cette notion de “contre-espace” qui porte un groupe de plasticiens et de photographes déconnectés des problématiques actuelles. Ils et elles abordent les sujets de genre, d’identité, de sexualité, de consommation, et plus généralement de la place du corps au sens métaphysique du terme. Entre montage, installation, mise en scène et objet photographique, la biennale offre un espace autonome, loin des tendances, de la pensée dominante et des perceptions normées.


Biennale de l’Image Tangible 2023 (Paris)
Du 1er novembre au 16 décembre 2023 

bit20.paris


Rachel De Joode, Human Skin In Rock V, 2015, impression jet d’encre sur dibond, travertin, courtesy de l’artiste.

Amir Chasson, Sofa, 2021, collage, courtesy de l’artiste.

Cyriak, Baaa, 2022, montage vidéo, courtesy de l’artiste.

Lingfei Guan, HOVER AND MICROMANAGE, 2021, installation, médias mixtes, vidéos 2 canaux, courtesy de l’artiste.

Frédérique Daubal, Overprint, 2022, courtesy de l’artiste

Letha Wilson, Valley of Fire Idaho Craters (Two Holes), 2021, impressions UV sur acier, courtesy de l’artiste

Erwin Wurm, Outdoor sculpture (Taipei), 2000, c-print, courtesy de l’artiste.

Heterotopia : une Biennale de l’Image Tangible désinvolte