LOEWE invite la mode au paradis

Portraits canins, motifs végétaux et signes potagers se répondent dans la nouvelle collection de LOEWE, présentée lors de la fashion week parisienne. Un jardin abstrait dont le décor se plante avec une ambivalence assumée : galerie d’art ou demeure rurale, le podium devient un théâtre idyllique.

Trois nuances de vert : la palette du décor, inspirée par celle du peintre américain Albert York (1928-2009), pose les fondements de la nouvelle collection présentée par LOEWE. Dans cet environnement radical, pensé comme un espace d’exposition, l’apparente monochromie devient le terrain fertile de silhouettes qui poussent, qui s’avancent sur le podium comme dans un jardin abstrait. Les premiers motifs apparaissent alors : flore et faune se succèdent, faisant défiler tour à tour pétales, feuilles et légumes, puis animaux — chiens et oiseaux. Cet univers bucolique, champêtre, laisse percevoir un indice printanier, plus proche de la respiration et du recentrement sur soi que d’un pathos romantique qui se lirait niaisement.

Pour cette collection, l’impulsion de Jonathan Anderson, directeur de la création de LOEWE, provient des peintures d’Albert York. Dix-huit d’entre elles, de petit format, ponctuent l’espace du défilé entre paysages ruraux, natures mortes et portraits au jardin. L’artiste disait : “Je pense que nous vivons dans un paradis. C’est un jardin d’Eden. Vraiment. Ça l’est. C’est peut-être le seul paradis que nous connaîtrons jamais. Et c’est tellement beau. Et on a envie de le peindre.” Si l’axiome est réfutable aujourd’hui face aux actualités vacillantes, Anderson choisit néanmoins d’y croire en empruntant les thèmes du peintre, qu’il dote d’une matérialité composée avec les codes de l’opulence. Robes, chaussures et pantalons se parsèment ainsi de perles, attribuant un précieux relief aux figures animales et végétales qui les habille. Dans cette veine, LOEWE, expert en accessoires trompe-l’œil comme en artisanat, dévoile un sac entièrement perlé imitant une botte d’asperges. Les portraits canins, eux, se retrouvent également sur des bagues en mosaïque, réinterprétant la chevalière bourgeoise.

De la maison de campagne au potager, LOEWE étudie à travers ce défilé l’extériorité tout autant que l’intériorité de l’être. Les coupes des vêtements, aussi brutes qu’aériennes, célèbrent, à l’image de ce que disait York, le privilège d’être en vie. Cette vision demeure toutefois plus que jamais teintée de contemporanéité, voire d’un futurisme probant. Car, ici et là, certains marqueurs parasitent gaiement la “beauté de la nature” illustrée dans la collection et révèlent un twist avant-gardiste auquel nous a habitués la maison espagnole. Les boucles de ceintures n’ont plus de fonction au-delà de leur valeur ornementale, les coiffures des mannequins semblent tout droit sorties d’un manga, une masse abstraite transparente trône sur une épaule tandis qu’un col de veste est constitué de cylindres métalliques : ce sont ces détails qui, comme les peintures d’Albert York, ouvrent les portes d’une nouvelle dimension. En l’occurrence, une dimension qui invite à lire le temps, présent ou à venir.


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Défilé LOEWE, collection automne/hiver 2024-2025 © LOEWE

Défilé LOEWE, collection automne/hiver 2024-2025 © LOEWE

Albert York, Grey Dog in Green Landscape, 1978, huile sur panneau de bois, 24 x 30 cm. Courtesy de l’Estate d’Albert York et de Davis & Langdale Company (New York). © LOEWE

Défilé LOEWE, collection automne/hiver 2024-2025 © LOEWE

Défilé LOEWE, collection automne/hiver 2024-2025 © LOEWE

Défilé LOEWE, collection automne/hiver 2024-2025 © LOEWE

Défilé LOEWE, collection automne/hiver 2024-2025 © LOEWE

LOEWE, collection automne/hiver 2024-2025 © LOEWE

LOEWE, collection automne/hiver 2024-2025 © LOEWE

LOEWE, collection automne/hiver 2024-2025 © LOEWE

LOEWE invite la mode au paradis