On a aimé : la nouvelle exposition égyptienne “Forever is Now”

Fondé par la curatrice franco-égyptienne Nadine Abdel Ghaffar, Art d’Égypte a renouvelé pour la quatrième fois son exposition “Forever is Now” en ayant présenté, ces dernières semaines, des œuvres majeures au pied des pyramides de Gizeh. Une initiative qui vise à placer le pays comme un nouveau repère sur la carte globale de l’art contemporain.

À l’heure où la nuit étend ses ombres sur le désert, une légère brise caresse les pyramides millénaires, gardiennes immuables du passé. Mais ce soir, elles ne sont plus seules. Elles accueillent de mystérieux compagnons : une rencontre énigmatique avec l’art contemporain.  Dans ce théâtre éphémère, chaque création semble chuchoter d’anciens secrets, réinterprétés par une myriade de matériaux modernes. Ici, tout le monde devient archéologue, tout le monde se fait architecte. Les ponts qui unissent les époques s’offrent à chacun, brouillant les pistes et les âges. L’Égypte, et en particulier Gizeh, longtemps perçue comme une terre de mémoire, fait aujourd’hui de “Forever is Now” une scène de dialogue entre des siècles de civilisation et l’art d’aujourd’hui. Par cette exposition à ciel ouvert, elle invite des artistes venus du monde entier à confronter leur vision à un patrimoine de légende, transformant le désert en une galerie plein air, où le passé et le présent se rejoignent dans un murmure commun.

À l’origine de cette initiative, Nadine Abdel Ghaffar qui rêve de créer un mouvement capable d’attirer les regards internationaux tout en inspirant les générations futures en Égypte. Par cette « invitation au monde entier », comme elle le décrit dans son projet, chaque artiste devient une pierre angulaire de la réinvention de l’image artistique égyptienne. Cela reflète une conviction profonde chez la curatrice, celle de l’Égypte comme centre culturel mondial où l’histoire et le contemporain s’enrichissent mutuellement. Cette nouvelle page de la création artistique permettrait à l’Égypte de n’être plus uniquement admirée pour son passé mais pour sa capacité à inspirer l’art de demain.  

C’est dans cet esprit qu’Exodus de Xavier Mascaró, inspiré par les iconographies antiques,  flotte entre les pyramides, tel un fragment d’archéologie imaginaire. Composé de bronze, de fer et de tissu, ce bateau n’est pas sans rappeler les barques funéraires égyptiennes, chargées de conduire les âmes à travers l’au-delà. Ici, les exodes du passé rejoignent, en silence, ceux d’aujourd’hui, et tout finit par devenir trace. Cette dimension se prolonge dans Vessel of Time de Jean-Marie Appriou, barque solaire de Khéops en bronze et en argile ocre du Nil. Réalisée sur place, elle porte à son bord une silhouette enfantine, figure androgyne et intemporelle, qui incarne un dialogue entre passé, présent et futur. Avec le temps, l’œuvre est vouée à se fissurer sous l’effet des éléments, transformant ainsi chaque spectateur en témoin de sa lente évolution, comme une promesse innocente tournée vers l’avenir. 

Dans cet écrin minéral, chaque œuvre apporte sa propre voix à ce dialogue entre les époques. “Forever is Now” offre ce mouvement suspendu, nous rappelant l’universalité de l’art. L’Égypte s’affirme sur la scène artistique mondiale, non comme simple gardienne de son passé, mais comme un carrefour de la création actuelle. Les pierres millénaires et les installations éphémères partagent ici une éternité commune, tissant des liens vers une humanité qui cherche sans fin à donner du sens à son passage.


Exposition “Forever is Now” by Art d’Égypte
4e édition at Pyramides de Gizeh
Al Haram – Giza Governorate 3512201 (Égypte)
artdegypte.org


Xavier Mascaró, Exodus, 2024, bronze, fer, tissu (26 sculptures de bateaux). Courtesy d’Art d’Égypte.

Federica Di Carlo, I See, I See, 2024, structure en acier et lentilles optiques. Courtesy d’Art d’Égypte.

Khaled Zaki, The Race, 2024, acier inoxydable brillant. Courtesy d’Art d’Égypte.

Shilo Shiv Suleman, Padma/Lotus, 2024, laiton, fer, soie. Courtesy d’Art d’Égypte.

Jean-Marie Appriou, Vessel of Time, 2024, bronze et argile ocre du Nil. Courtesy d’Art d’Égypte.

Marie Khouri, I Love, 2024, revêtement dur en polyurée et fibre de verre. Courtesy d’Art d’Égypte.

On a aimé : la nouvelle exposition égyptienne “Forever is Now”