3 expositions à voir sur la Côte d’Azur

Du Nouveau Musée National de Monaco à l’Espace de l’Art Concret, ces expositions soulignent le regard d’artistes contemporains qui relisent le monde à travers le prisme des formes, de la matière et de la couleur.

« Paésine » de Francisco Tropa

À la villa Paloma, second site du Nouveau Musée National de Monaco qui s’ajoute à la villa Sauber, Francisco Tropa (né en 1968) investit l’espace avec une cinquantaine d’œuvres qui creusent une pensée gravitant autour de la géologie, l’archéologie et l’ethnologie. En titrant cette exposition « Paésine », l’artiste portugais se réfère à l’image minérale qui imprègne chaque niveau de la villa : ses vénus — qu’il s’agisse de la sculpture Pénélope installée sur le parvis du musée ou de celle, automatisée sur une boîte en acrylique orange, que l’on rencontre à l’intérieur — évoquent déjà ce lien avec un esprit monolithique, brut, qui renvoie aux origines de l’histoire humaine. Mais la dimension géologique, qui flirte au gré des salles avec le trompe-l’œil, le cosmique et le ludique, se manifeste en premier lieu avec ses lames d’agate, projetées au mur à une échelle supérieure, invitant le regardeur à pénétrer dans ces cavités minérales qui développent des zones d’abstraction et troublent ainsi tout repère sensé. Dans ce décor de roche et de lumière, Francisco Tropa multiplie les dispositifs où l’équilibre s’impose comme un thème majeur ; en empruntant les codes scientifiques et artistiques — on pense aux installations de Donald Judd ou de Marcel Duchamp —, Tropa signe avec « Paésine » une exposition singulière qui se détache d’une monstration linéaire pour réenvisager la lecture du monde, par le prisme de la métaphore et de l’analogie. Jusqu’au 21 avril 2025, au Nouveau Musée National de Monaco — Villa Paloma, 8, avenue Hector Otto 98000 Monaco — nmnm.mc.com.

Vue de l’exposition « Paésine » de Francisco Tropa, Nouveau Musée National de Monaco – Villa Paloma, 2024-2025. Francisco Tropa, TSAE (Site), 2013, sérigraphies sur papier Untitled (Terra Platonica), 2013, plaques de verre de Murano colorées, bois de larissa / Francisco Tropa, Agate, 2023, lame d’agate, projecteur de diapositives. Courtesy de l’artiste et de la Galerie Jocelyn Wolff, Romainville. Photo : NMNM / Andrea Rossetti.

Francisco Tropa, Vénus, 2023, bronze, laiton, acier inoxydable, acrylique, caoutchouc, moteur. Courtesy de l’artiste et de la Galerie Jocelyn Wolff, Romainville. Photo : NMNM / Andrea Rossetti.

Francisco Tropa, Scripta, 2018, huile sur bronze, toile sérigraphiée, boîte en bois, dimensions variables. Courtesy de l’artiste et de la Galerie Jocelyn Wolff, Romainville. Photo : DR.

« Sillage » de Mustapha Azeroual

Comme il aime à l’expliquer, Mustapha Azeroual (né en 1979) est un anti-photographe, dans le sens où il ne fixe jamais l’image capturée. Pour cette première exposition solo en France, présentée dans l’espace de la Donation Albers-Honegger à l’Espace de l’Art Concret, l’artiste multiplie ses expérimentations autour de l’abstraction, en poursuivant notamment sa série « Radiance » : des œuvres optiques, circulaires et suspendues ou adoptant le format rectangulaire traditionnel accroché au mur. Dans cet ensemble, les couleurs changent à l’approche de l’œil, donnant l’impression d’une image en mouvement, vivante, qui s’inspire de la nature. Ces dégradés abstraits sont des échantillons de ciel, que Mustapha Azeroual a prélevés en haute mer, en collaborant avec des navigateurs. Extase chromatique, certes ; mais l’artiste souhaite ici révéler la dégradation du monde puisque la chimie qui opère sur ces surfaces est sublimée par les particules fines polluantes qui teintent l’air ambiant. « Sillage » s’affirme ainsi comme une exposition à double lecture : il ne faut jamais se fier aux apparences mais davantage à la pratique de l’artiste. En ce sens, le rapport à l’espace que saisit Mustapha Azeroual développe une dimension expérimentale : dans la seconde salle, il présente des émulsions sensibles faites à partir de pigments fluorescents, procédé lié aux enjeux conceptuels de son art. Soit une démarche qui va à l’encontre de la spontanéité et de l’instantanéité photographique, et qui se rapproche davantage de la sculpture. Jusqu’au 31 août 2025, à l’Espace de l’Art Concret — Donation Albers-Honegger, château de Mouans, 06370 Mouans-Sartoux — espacedelartconcret.fr.

Vue de l’exposition « Sillage » de Mustapha Azeroual, Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux, 2025. Mustapha Azeroual, The Green Ray C 1-2-3, 2024, impression UV sur panneaux lenticulaires circulaires, 120 cm. / Mustapha Azeroual, The Green Ray # 3 Mediterranean Sea, 2024, impression UV sur panneau lenticulaire, 200 × 120 cm. / Mustapha Azeroual, Sillage, 2025, œuvre olfactive, dimensions variables, collaboration avec Olivia Barisano – Terrail et Fabrice Pellegrin – dsm-firmenich. Courtesy de l’artiste, de BMW Art Makers et de la Galerie Binôme, Paris. Photo : eac. © Adagp, Paris 2025.

Mustapha Azeroual,  The Green Ray #1, 2024, triptyque impression UV sur panneaux lenticulaires, supports métalliques, bois, 200 × 40 cm, édition 1/1. Courtesy de l’artiste, de BMW Art Makers et de la Galerie Binôme, Paris.Photo : eac. © Adagp, Paris 2025.

Vue de l’exposition « Sillage » de Mustapha Azeroual, Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux, 2025. Mustapha Azeroual,
The Green Ray C 1-3, 2024, impression UV sur panneaux lenticulaires circulaires, 120 cm. / Mustapha Azeroual, The Green Ray #1, 2024, triptyque impression UV sur panneaux lenticulaires, supports métalliques, bois, 200 × 40 cm, édition 1/1. Courtesy de l’artiste, de BMW Art Makers et de la Galerie Binôme, Paris. Photo : eac. © Adagp, Paris 2025.

« 364 saisons » de Florentine & Alexandre Lamarche-Ovize

À l’eac, dans la galerie du château de Mouans, le duo composé par Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize (nés en 1978 et 1980) met en dialogue les disciplines locales. Si le dessin façonne en premier lieu leur pratique, ici, les artistes forgent un travail d’assemblage qui allie bidimensionnalité et sculpture, notamment par le biais de recherches autour du lien entre art et artisanat. « 364 saisons » se nourrit ainsi d’une immersion dans l’univers du restaurant gastronomique Mirazur, à Menton, piloté par Mauro Colagreco, chef triplement étoilé attaché à la biodynamie et à la cuisine de saison. Cet attachement réciproque à la nature se manifeste au sein de l’exposition par des figures issues du monde organique — l’essence terrestre est prégnante, les motifs végétaux et animaux ponctuent chacune des salles.  En parallèle, une collaboration avec le parfumeur Olivier Maure et Alain Joncheray, designer olfactif, prolonge la dimension explorative de l’exposition : les Oyas, jarres de terre cuite réhaussées de couleurs et de collages géométriques, laissent s’évaporer des parfums uniques, agissant dès lors comme les indices d’un environnement alternatif. Jusqu’au 2 novembre 2025, à l’Espace de l’Art Concret — Galerie du château, château de Mouans, 06370 Mouans-Sartoux — espacedelartconcret.fr.

Florentine & Alexandre Lamarche-Ovize, Élisée reclus, un ruisseau, 2019, faïence engobée et émaillée, 60 × 30 × 30 cm. Courtesy des artistes et du Drawinglab, Paris. Photo : Olivier Lechat. © Adagp, Paris 2025.

Florentine & Alexandre Lamarche-Ovize, Oyas, 2025, faïence engobée et émaillée, parfum, dimensions variables, collaboration avec Alain Joncheray ainsi qu’Olivier Maure – Art & Parfum. / Florentine & Alexandre Lamarche-Ovize, Spéracèdes Élisée, un herbier, 2018/2019, techniques mixtes sur papier 11 exemplaires encadrés, 20× 30 cm chaque. Photo : eac. © Adagp, Paris 2025.

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