Art Brussels : une jeune création internationale en 10 artistes à retenir

Plateforme incontournable de l’art contemporain en Europe, Art Brussels s’attache à révéler la jeune création internationale. Retour sur la 41e édition de la foire belge, qui favorisait la découverte de talents émergents, à travers dix artistes nés dans les années 1980 et 1990.

Adelisa Selimbasic (née en 1996, Italie)

En choisissant la féminité comme sujet principal de son exploration picturale, Adelisa Selimbasic met en tension une palette chromatique douce avec des points de vue alternatifs qui dévient la perception habituelle du corps. En radicalisant les surfaces et en révélant de subtils jeux d’ombres et de lumières, la jeune artiste italienne pointe la valeur onirique de ces portraits, tout en interrogeant les codes de la beauté.

Adelisa Selimbašić, Soft as a cloud, 2025, huile sur toile, 111,7 × 96,5 × 2 cm. Courtesy de l’artiste et de z2O Galleria (Rome).

Katalin Kortmann-Járay & Karina Mendreczky (nées en 1986 et 1988, Hongrie)

Toutes deux originaires de Budapest, Katalin Kortmann-Járay et Karina Mendreczky collaborent en duo depuis 2019. Privilégiant la sculpture et l’installation, elles développent une pratique conceptuelle qui navigue dans une iconographie qui réinterprète des figures féminines mythiques, archaïques et mystiques. Entre symboles et créatures hybrides, leurs œuvres esquissent un folklore nouveau, croisant mémoire collective et animisme contemporain.

Katalin Kortmann-Járay & Karina Mendreczky, We, pious souls, 2023, céramique, époxy, 39 × 20 × 22 cm. Courtesy des artistes et d’Ani Molnár Gallery (Budapest).

Plum Cloutman (née en 1995, Royaume-Uni)

Basée à Londres, Plum Cloutman multiplie les saynètes domestiques de petits formats par la peinture, qu’elle réhausse d’un relief texturé. Paraissant animés, les sujets représentés s’inscrivent dès lors dans une atmosphère brumeuse, presque floue, qui imprègne des espaces intérieurs multiples : salles de bains, cuisines et salons deviennent, comme dans un rêve, le théâtre de situations cocasses, vouées à l’éphémérité.

Plum Cloutman, Mangle, 2025, pastel, aquarelle et huile sur papier montés sur plaque, 20 × 15 cm. Courtesy de l’artiste et d’Althuis Hofland Fine Arts (Amsterdam).

Christian Lagata (né en 1986, Espagne)

L’artiste espagnol Christian Lagata s’intéresse au croisement transdisciplinaire de l’image. Faisant évoluer ses pièces dans l’espace, il étudie la relation entre l’individu et son environnement, en puisant dans un vocabulaire domestique et objectifié. Par l’analogie et la métaphore, les installations qu’il déploie se fondent sur des matériaux délaissés tels que des objets trouvés et des rebuts, transposés en des formes qui appellent de nouveaux récits.

Christian Lagata, Gran serpiente pequeña serpiente II-III, 2021, tubes en acier inoxydable, 190 × 140 × 30 cm. Courtesy de l’artiste et d’Artnueve (Murcie).

Helena Minginowicz (née en 1984, Pologne)

En conjuguant l’aérographe et l’acrylique, Helena Minginowicz révèle une imagerie façonnée sur plusieurs plans. Entre intimité et distanciation, l’artiste polonaise se joue de la perception humaine pour, comme en photographie, faire la mise au point sur le réel sujet de ses œuvres. Dans sa peinture, se côtoient objets de consommation, figures animales et corps juvéniles, imprégnés d’une esthétique fragile qui flirte avec le romantisme.

Helena Minginowicz, beauty mask, 2024, acrylique sur toile, 80 × 70 cm. Courtesy de l’artiste et de Prima (Paris).

Nadim Choufi (né en 1995, Émirats arabes unis)

Artiste libanais né à Abu Dhabi, Nadim Choufi explore par la sculpture et l’installation les notions de progrès et de vitesse qui façonnent la société contemporaine. En s’inspirant des idéaux diplomatiques et socio-politiques, il met l’accent sur le désir et l’hybridation pour faire éclore des structures à lectures multiples, déviant les récits dominants, qui résonnent avec les procédés d’industrialisation, d’artificialisation et de quête de bien-être.

Nadim Choufi, Blooming Flowers, 2025, acier, silicone, 45 × 37 × 240 cm. Courtesy de l’artiste et de Josilda da Conceição (Amsterdam).

Adam Lupton (né en 1987, Canada)

Atteint de troubles obsessionnels compulsifs, Adam Lupton transcrit ses émotions et obsessions quotidiennes dans une peinture figurative, où s’entremêlent solitude et introspection. Ses récentes séries « Soliloquy » (2024) et « Overthought Thoughts » (2023), notamment, embrassent ce langage psychique par des instantanés bichromiques qui, oscillant entre des variations chromatiques de bleu et de rose, prennent le pouls de son regard personnel.

Adam Lupton, Procession, 2025, huile sur toile, 50 × 40 cm. Courtesy de l’artiste et de la Galerie Russi Klenner (Berlin).

Cristine Brache (née en 1984, États-Unis)

Cristine Brache prend souvent son histoire personnelle et familiale — dont le divorce de ses parents qui l’a profondément marquée — comme point de départ de ses œuvres. À la fois artiste, cinéaste et poète, l’Américaine porte ainsi à l’attention du regardeur des fables qui reviennent sur les systèmes de représentation et détournent les thèmes de l’amour, de l’appartenance ou encore du paraître au profit d’images sensibles.

Cristine Brache, Peeper, 2025, acrylique, marbre, iPhone, vidéo HD en boucle, 71,1 cm × 45,7 cm × 15,2 cm. Courtesy de l’artiste et d’Anonymous Gallery (New York).

Hyperweirdkids (nés en 1999 et 1989, Allemagne)

Composé de Laura Klünter et Mario Mertgen, Hyperweirdkids propose une vision kaléidoscopique des mythes urbains, contemporains et historiques. Manipulant une esthétique digitale qui se manifeste par la pixellisation, le glitch ou la solarisation, le duo libère l’immatérialité de l’image en lui attribuant une dimension physique, par le biais de la peinture. Une démarche qui puise aussi dans les codes culturels et politiques, redéfinissant les contours de la culture occidentale.    

Hyperweirdkids, Cerberus, 2024, huile, acrylique, pastel gras, crayon de couleur, impression pigmentaire sur toile, 140 × 100 cm. Courtesy des artistes et de la Galerie Falko Alexander (Cologne).

June Crespo (née en 1982, Espagne)

Indissociable d’une approche écoféministe, le langage sculptural de June Crespo dialogue autant avec l’abstraction que la conscience collective. Ses œuvres participent de sa vision sensible sur les modes de vie contemporain qui, en plein Anthropocène, impactent la nature : elle procède ainsi à des associations de matières récupérées et moulées qui, floutant les frontières entre organique et industriel, se lisent comme témoins d’une érosion du monde.

June Crespo, Untitled (Voy, sí), 2021, béton, ciment, textile, acier, paraffine, 38 × 79 × 86 cm. Courtesy de l’artiste et de P420 (Bologne).

Art Brussels : une jeune création internationale en 10 artistes à retenir