Rencontres d’Arles : qui sont les jeunes photographes à connaître ?

Nouvelle édition pour les Rencontres d’Arles : le festival dédié à la photographie investit la ville avec des expositions fédérées autour du thème de l’engagement. Célébrant la diversité sous toutes ses formes, les images qui s’y révèlent offrent des regards puissants, en particulier ceux de photographes nés depuis les années 1980. 

Liss Fenwick (née en 1989, Australie)

Focalisant sa pratique sur l’exploration des conséquences de l’anthropocentrisme et de l’eurocentrisme, Liss Fenwick s’attache à rendre hommage aux premiers peuples d’Australie, à leur culture et à leur lien avec le pays. Un regard qui résonne avec le thème de l’exposition « On Country : Photographie d’Australie » dans laquelle elle est présentée, où l’attachement ancestral au territoire tout autant que les liens unissant langage, famille et identité sont éclairés.

Liss Fenwick, Sans titre, série « Humpty Doom », 2023. Courtesy de l’artiste.

Brandon Gercara (né.e en 1996, France)

Établi.e à La Réunion, Brandon Gercara concentre sa pratique sur une étude critique du post-colonialisme, en imaginant de nouvelles esthétiques qui renversent les dynamiques de domination. Par la performance, la photographie ou encore la vidéo, iel crée une série de portraits extraterrestres, hors des normes sociales, à l’appui de références issues du drag, de la scène et du théâtre — une façon de faire du corps le support-témoin d’une métamorphose sans fin.

Brandon Gercara, Joseph 83, série « Conversations », 2019. Courtesy de l’artiste.

Camille Lévêque (née en 1985, France)

La fondatrice du collectif fictif d’artistes féminines Live Wild, qui aime à se jouer du glitch, du collage et de la manipulation photographique, est à l’honneur du solo show « À la recherche du père » qui retrace une enquête de dix années par l’image. Interrogeant la représentation de la figure paternelle, absente ou imposante, douce ou menaçante, Camille Lévêque signe ici un album de famille singulier.

Camille Lévêque, Glitch, 2014. Courtesy de l’artiste.

Lila Neutre (née en 1989, France)

Attentive aux communautés minorisées, Lila Neutre investit la Maison des peintres pour proposer deux ensembles photographiques et textuels qui croisent les pratiques du twerk et du voguing. Dans ces corpus, « Twerk Nation » et « The Rest is Drag », la danse revêt une dimension politique et s’impose comme vecteur de visibilisation pour les communautés queer et précarisées, notamment par la métaphore du feu qui établit « un espace-temps où s’écrire par la lumière permet de briller dans le noir ».

Lila Neutre, Edwin Xtravaganza (Latex Ball n°1), série « Sculpter le soi – The Rest is Drag », 2015. Courtesy de l’artiste.

Kourtney Roy (née en 1981, Canada)

Marquée par une esthétique cinématographique, l’œuvre de Kourtney Roy s’établit dans des dispositifs narratifs qui confondent réalité et fiction. Dans sa série « La Touriste », la photographe canadienne s’empare des codes de la photo de vacances en juxtaposant des plans où protagonistes et décors glamour réveillent le souvenir d’expériences vécues, tout en les teintant d’une vibrante étrangeté. 

Kourtney Roy, I Heart You, série « La Touriste », 2019-2020. Courtesy de l’artiste et de la Galerie Les filles du calvaire, Paris.

Laurence Kubski (née en 1986, Suisse)

Passée par l’ECAL, Laurence Kubski développe une étude photographique autour des interactions entre l’être humain et l’animal. Son exposition personnelle « Sauvage » rend compte d’une année de recherches documentant et mettant en scène ces relations dans le canton de Fribourg : recensement de chauves-souris, baguage d’oiseaux, matériel taxidermiste… Elle interroge par l’exploration de ces collaborations la définition même du sauvage, et lui offre une réponse contemporaine.

Laurence Kubski, Reconstitution d’un souvenir d’enfance, le concours de vitesse d’escargots, 2024. Courtesy de l’artiste.

Julie Joubert (née en 1989, France)

Lauréate choisie par le public dans le cadre du Prix Découverte Louis Roederer exposé à l’Espace Monoprix, Julie Joubert déploie ici sa série « Patria Nostra » qui capture une vision alternative de la masculinité. Prenant appui sur les jeunes hommes de la Légion étrangère en France, la photographe saisit une galerie de corps anonymes où l’identité se confond aux thèmes de la discipline, de la vulnérabilité et de l’humanité.

Julie Joubert, Sans titre, 2023, série « Patria Nostra », 2023-2024. Courtesy de l’artiste.

Louise Mutrel (née en 1992, France)

Diplômée de la HEAR et de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles, Louise Mutrel met en lumière les icônes populaires empruntées aux subcultures, dont celle du tuning automobile au Japon. Pendant les Rencontres d’Arles, ses images vernaculaires qui rythment le Jardin d’été offrent un aperçu de ces communautés passionnées des dekotora — les camions ultra-tunés — et des femmes motardes kyushakai.

Louise Mutrel, Volant d’Okita, Okiban Garage, Hiroshima, Japon, 2024. Courtesy de l’artiste.

Calista Bizzari Malou (née en 1999, France) 

Intéressée par les mondes vivants, paysans et traditionnels, Calista Bizzari Malou s’implique ici dans un environnement montagneux entre les Pyrénées et le massif de Marseilleveyre, aux côtés d’une jeune bergère et d’une herboriste. À l’Espace Croisière, elle expose ses images documentaires propices à l’interprétation, en conjuguant textes, photographies et vidéos qui évoquent le rituel et la résistance, la fragilité et la transmission.

Calista Bizzari Malou, Câlin du soir, Lhurs, 2023. Courtesy de l’artiste.


Les Rencontres de la photographie d’Arles
Jusqu’au 5 octobre 2025
rencontres-arles.com


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