Par Camille Tallent
EXPOSITION // Cet été, l’erreur est célébrée par une quinzaine d’artistes invités par Erik Kessels dans le cadre de la 57e édition des Rencontres de la Photographie d’Arles. Dysfonctionnements photographiques, incohérences visuelles et assemblages irrationnels définissent le parcours de l’exposition Parfaites imperfections qui vante le pouvoir créatif de l’échec avec humour.
Habitué des Rencontres de la Photographie d’Arles, l’artiste néerlandais Erik Kessels endosse cette année le rôle de commissaire d’exposition très justement nommée Parfaites imperfections. Dans la lignée de sa fascination pour la photographie amateur et ordinaire, Erik Kessels convoque dans cette exposition dix-huit artistes à la recherche des dysfonctionnements d’un quotidien homogène et mondialisé. Leur revendication ? La gloire du défectueux : des imperfections sublimées avec une poésie humoristique exceptionnelle.
Ces failles, qu’elles soient mises en scène ou ingénieusement détectées constituent le lexique visuel d’un véritable combat contre la perfection. S’illustre la vidéo Domestic Science d’Annegien Van Doorn qui met à mal des objets aussi quelconques qu’un tube de dentifrice, une éponge ou de la nourriture. Un hommage à des objets insignifiants aussi extravagants et dégoulinants que les aberrations chromatiques de l’appareil photo défectueux de l’artiste Joachim Schmid. Au cœur du travail Love-Love de Kent Rogowski, réside aussi cet emploi de la négligence comme source d’inspiration. Réalisant que les fabricants de puzzles utilisent tous les mêmes patrons, il fusionne et crée des images énigmatiques composées de plusieurs jeux différents.
Une ode à l’erreur d’un quotidien dont les artistes recycle l’imagerie, les codes, les objets, les motifs et les couleurs. Une baguette de pain remplace la mousse d’un rouleau de peinture, une lampe prolonge le barreau d’une chaise… Helmut Smits et le collectif d’artistes PUTPUT enfante ainsi des objets insensés dont l’absurdité appuie le dysfonctionnement ; l’attention pour le détail prend parfois des allures de traque photographique chez certains artistes tel que Matt Stuart. Un regard aiguisé fascinant qui, s’il renvoie à la quête obstinée de son artiste à dénicher des images loufoques dans son environnement proche, questionne aussi notre capacité de passer à côté de moments de hasard burlesques. Les failles, au cœur de l’exposition d’Erik Kessels, sont les sources inestimables et inépuisables qui rythment et animent la création de ce groupe d’artistes pertinemment réunis autour d’une philosophie de l’échec très communicative. //
Exposition Parfaites imperfections
Jusqu’au 25 septembre 2016 at Rencontres d’Arles
Palais de l’archevêché, 13200 Arles
www.rencontres-arles.com
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