Par Maxime Gasnier
EXPOSITION // Façonné à la manière d’un polar, le troisième solo show d’Émilie Pitoiset à la KLEMM’S Gallery de Berlin met en lumière une narration fictive, donnant la parole à l’objet.
Par une grammaire visuelle surréaliste, l’artiste française active ses œuvres en leur attribuant une valeur narrative. Toutes témoignent d’une absence humaine, d’un geste passé, au profit de troublants reliquats liés au corps de l’être. On découvre alors une série d’installations se manifestant par un manteau abandonné sur un paravent, une série de cigarettes — en céramique — entamées, puis déposées sur un canapé ou au fond d’un cendrier. Émilie Pitoiset cède également au ready-made un rôle symbolique qui appuie sa démarche : des perruques féminines ponctuent ici et là l’exposition d’un langage érotique, fatal et décadent. Ainsi, le choix de l’appellation « The Vanishing Lady » (en français, « La Femme qui disparaît ») résonne comme le titre d’un polar, où l’énigme persiste et signe une esthétique de l’intrigue. L’aspect cinématographique de la scénographie, où l’œuvre devient indice et la visite se convertit en enquête irrésolvable, fait écho à des icônes du septième art : « Contrairement à l’homme invisible qui fut remanié maintes fois au cinéma ou dans les séries télévisées, étrangement, la femme invisible n’a guère eu tant de succès […] The Vanishing Lady fut aussi le premier film de Méliès. The Lady Vanishes, c’est aussi celui d’Hitchcock, inspiré de la nouvelle d’Edgar Poe. Il suffit de poser la question pour qu’une histoire non élucidée apparaisse », renseigne l’artiste. Consolidant sa pratique au profit de la narration, Émilie Pitoiset propose ici un théâtre du vide, où l’objet se contemple à travers un regard suspicieux. //
Exposition The Vanishing Lady by Émilie Pitoiset
Jusqu’au 22 avril 2017 at Klemm’s Gallery
Prinzessinnenstrasse 29 10969 Berlin
www.klemms-berlin.com