Par Camille Tallent
FOCUS // Bientôt présentée sur les cimaises du Centquatre dans le cadre du Festival Circulation(s) 2016, la série photographique Ceux qui nous regardent d’Emma Grosbois nous ouvre les portes d’un monde domestique où certaines pratiques rituelles persistent.
Dans les garages, ateliers et boutiques des habitants de la ville de Palerme en Italie, Emma Grosbois a capturé les réminiscences de rites religieux. L’artiste française a photographié les autels et les patchworks d’images sacrées et profanes qui habitent les intérieurs de certains des Siciliens de la ville. Saints, footballeurs, Vierge à l’Enfant, photos de famille et portraits de personnalités politiques cohabitent sur un même plan. Dans le brassage désordonné de ces chapelles domestiques, l’aura de ces images semble avoir traversé le temps.
Élevées les unes au-dessus des autres, ces images prennent leur force par ce que raconte l’organicité de leur assemblage. Toutes ces figures iconiques, assemblées pêle-mêle sur un même plan, sont le glossaire iconographique de leurs habitants. Ainsi, on s’éloigne de l’unicité mystique de l’icône religieuse isolée dans un coin de séjour, pour faire face au medley populaire et profane d’images qui sont le portrait des absents de la photographie – à savoir – les habitants.
Photographiées avec une frontalité documentaire, les images d’Emma Grosbois nous racontent l’histoire des gens qui constituent ces foyers. Ces autels sont empreints d’une forte temporalité car leur assemblage est le marqueur de la polyrythmie du temps. Aussi, les altérités de ces images papier (tâches, déchirures, changements chromatiques liés au soleil, etc.) portent les marques de cette histoire temporelle. Une démarche intimiste qui documente avec poésie la survivance de monuments iconographiques symboles de mémoire. //
Festival Circulation(s) 2016 //
Du 26 mars au 26 juin at Centquatre, 5 rue Curial 75019 Paris
www.festival-circulations.com