5 questions à Kristina Jansson

Kristina Jansson, Djungle, 2018,
courtesy of Andréhn-Schiptjenko

INTERVIEW // En confrontant les codes de la réalité et ceux de la lecture d’une image, l’artiste suédoise Kristina Jansson guide le regard vers un autre monde. Son exposition Le Voile, présentée à la galerie Andréhn-Schiptjenko, compose ainsi un panorama iconographique invitant au décryptage.

  • Comment envisagez-vous la peinture en tant que médium artistique ?

Kristina Jansson : Pour moi, la peinture est aussi contemporaine que n’importe quel médium. Aujourd’hui, nous consommons une gigantesque somme d’images et la peinture représente autre chose. Quelque chose d’hybride, un mélange entre image et matière qui communique bien au-delà de l’iconographie pure. 

  • Vos peintures confondent abstraction et symbolisme. Qu’est-ce qui vous a mené à développer ce langage hybride ?

Kristina Jansson : Ce qui m’intéresse avant tout est la manière de lire les images. Fondamentalement, toute image est un mélange d’éléments abstraits et symboliques. J’essaye de produire des peintures qui abordent notre réflexe de décoder rapidement ce que l’on voit, en accrochant le regard, comme une invitation à enquêter sur cet « autre monde ». Le contenu de mes peintures sont pensés avec cette perspective. La peinture n’est pas fictive et n’est pas un objet, elle ne consiste pas en la représentation de quelque chose de vraie mais elle atteste de sa propre réalité. Quand elle évoque un sujet en particulier, j’utilise ce médium pur encapsuler une sorte de « reliquat » que je ne peux résoudre ou formuler.  

  • Quel regard portez-vous sur le monde contemporain et comment celui-ci guide-t-il votre façon de penser ?

Kristina Jansson : Le monde de l’art contemporain est complexe. Il y a beaucoup de choses provenant des « art factories », des super économies gravitant autour de concepts artistiques spécifiques, pour un art envisagé comme besoin et nécessité. Notre époque actuelle est très simultanée, nous forgeons nos comportements par une vaste conscience collective fondée sur la fiction. Une infime part provient de notre expérience personnelle. Et en même temps, nous partageons les mêmes conditions de vie. J’essaye de travailler avec cette matière dans ce champ qui a la capacité à me rendre quelqu’un d’autre […].

  • En quoi votre exposition Le Voile, présentée à la galerie Andréhn-Schiptjenko à Paris, met-elle l’accent sur la notion de lecture d’une image 

Kristina Jansson : Susan Sontag a écrit un jour « l’art est de la séduction » et je pense à la peinture par ce prisme. Son aspect séducteur est ce qui nous fait la regarder et aussi ce qui nous fait rester devant. Il y a quelque chose de sous-jacent à voir qui intervient dans l’après. Le titre Le Voile pointe les différentes couches de lecture auxquelles le regardeur a accès en se laissant du temps à observer la peinture. Un jour, un neurochirurgien m’a dit que l’acte de décoder les choses que l’on voit est la tâche la plus complexe que le cerveau puisse faire. Je veux que mes peintures se réfèrent à cela. Je veux qu’elles ne confirment pas seulement ce que l’on connaît déjà mais qu’elles s’ouvrent sur un monde plus inconnu que notre  imagination. //


Exposition Le Voile by Kristina Jansson
Du 25 juin au 1er août 2020 at galerie Andréhn-Schiptjenko
10 rue Sainte-Anastase 75003 Paris
www.andrehn-schiptjenko.com


Kristina Jansson, The End, 2020, courtesy of Andréhn-Schiptjenko

Kristina Jansson, Neck grip, 2020, courtesy of Andréhn-Schiptjenko

Kristina Jansson, Soft drama, 2020, courtesy of Andréhn-Schiptjenko

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