À Madrid, la foire d’art contemporain ARCO qui rassemble plus de 185 galeries internationales s’illustre comme un pilier fort de la scène créative. Parmi les propositions exposées, certains artistes expriment une vision remodelée du corps masculin à travers le prisme de la peinture.
Daniel Correa Mejía (né en 1986, Berlin)
Orientant son travail pictural vers la représentation d’un corps fragile, Daniel Correa Mejía signe une œuvre onirique où le rouge est majoritaire. Référence au sang et à la chair, la teinte investit la surface de ses portraits peints sur fonds de paysages nébuleux, où un ciel gravement bleuté semble tourmenté, en perpétuel mouvement. “Pour moi, le rouge est le symbole de la Terre, du sang et du pouvoir féminin de la vie. Il complète le bleu qui renvoie à l’énergie masculine. Toute cette sémiotique des couleurs me vient du temps où je peignais de manière abstraite. Désormais, je me consacre à la figuration, ce qui est très différent mais, d’une manière ou d’une autre, cette signification des couleurs surgit toujours”, déclare-t-il. Néanmoins marquées par une certaine quiétude soulignée par des halos colorés, presque lumineux, les figures du peintre colombien manifestent une masculinité vulnérable, dominée par la nature.
Paolo Salvador (né en 1990, Berlin)
Invité l’an dernier à exposer chez Perrotin dans le group show “Les Yeux Clos” dédié aux artistes millenials, Paolo Salvador conjugue portraits humains et figures issues de la nature dans ses toiles. “Tous les ponts interespèces m’intéressent, pas seulement avec les animaux, mais avec tout ce qui est vivant en général. Mais les hommes et les animaux partagent une longue histoire de mutualisme qui m’a toujours fasciné et poussé à en apprendre davantage : notamment l’historiographie mythologique dans laquelle les cultures péruviennes antiques représentaient les animaux avec des traits anthropomorphiques.”, raconte le peintre originaire de Lima. Ce dernier dresse ainsi toute une série de déités en pleine symbiose relationnelle, permise par la proximité entre corps bipèdes et animaliers, immergés dans une peinture visuellement voire volontairement proche de l’aquarelle, faite pour révéler une certaine métaphysique, une spiritualité. “C’est un concept où le fantasme, l’imagination et le rêve ont un rôle”, conclut Paolo Salvador.
Gori Mora (né en 1992, Glasgow)
Né à Majorque, Gori Mora développe une peinture figurative qui déplie des scènes narratives inscrivant le corps masculin dans des ambiances quotidiennes, intimes. “Je m’intéresse particulièrement au corps humain et à la manière dont il crée différents rôles et relations au sein des systèmes sociaux et de communication. J’explore la façon dont les corps sont construits et comment, en tant que corps, nous devenons des objets d’observation.”, explique l’artiste. Un renversement sujet-objet qui s’opère dans une esthétique protéiforme, multipliant les symboles, les jeux de miroir et les superpositions de plans. Gori Mora poursuit : “Essentiellement, je mène une étude visuelle sur la manière dont la perception de la réalité face à la représentation d’un corps peut devenir indéterminée à cause de toutes les informations que nous recevons par les médias ou un contexte donné”. Cette démarche d’exposition du corps à une vue publique se parachève notamment par la présence de sous-vêtements masculins qui investissent la plupart de ses œuvres. •
ARCO Madrid
Jusqu’au 27 février 2022
Avda. del Partenón, 5 – 28042 Madrid
www.ifema.es