Lucille Léger, à la frontière de l’inerte et du vivant

Dans le cadre de son association avec l’École des Beaux-arts de Paris, la Fondation d’entreprise Pernod Ricard invite l’artiste Lucille Léger à investir L’Avancée, un mur d’accrochage dédié aux artistes émergents. Jusqu’au 25 février, elle présente une installation dans laquelle l’inerte et le vivant cohabitent.

Dans son travail, Lucille Léger (née en 1994, France) part de l’observation et du soin pour réunir des matériaux récupérés et des éléments organiques. Ses installations sont en constante transformation, car elle réutilise des objets qu’elle trouve dans sa vie quotidienne ou avec lesquels elle a travaillé à un moment donné. En s’adaptant aux limites et aux caractéristiques des espaces qui les accueillent, ses installations génèrent leur propre écosystème. Par ses hybridations, l’artiste cherche à occuper des espaces inhabités pour créer un effet à la fois esthétique et psychologique. La transformation du domestique au moyen d’attributs organiques fait dévier les codes visuels du mobilier, en rupture avec les attentes de son utilisation.

Pour “L’Avancée”, l’artiste française propose une nouvelle installation intitulée Tipping Edges (Bords de basculement). L’une des deux sculptures murales présente un store vénitien, derrière lequel on devine une ampoule allumée. L’autre sculpture est un bas-relief avec des lentilles à travers lesquelles on perçoit plusieurs ampoules lumineuses. Le réseau de câbles qui court le long du mur relie les deux pièces, donnant naissance à un paysage aussi familier qu’étrange. Les matériaux qui les recouvrent, comme le caoutchouc naturel ou la paraffine, leur confèrent une nouvelle plasticité. Ainsi, l’aspect poussé et symétrique de la production industrielle est remplacé par des surfaces irrégulières et indéfinies qui évoquent la matière organique. Si la matérialité de ses compositions rappelle la chair ou les végétaux, ce n’est pas un hasard. Influencée par le biomorphisme de l’Art Nouveau, l’artiste utilise l’hybridation pour questionner les limites entre l’inerte et le vivant.

Par le jeu de la translucidité et des obstructions, Léger étudie la subjectivité des êtres humains par rapport à l’espace dans lequel ils se trouvent : la galerie, la maison, l’espace public ou domestique. En partant de la notion de liminalité, l’artiste explore les pratiques matérielles qui conditionnent les espaces afin de questionner la valeur sociale que peut avoir l’œuvre d’art. Par le détournement de sens, par la parodie, Lucille Léger parvient à multiplier le sens donné aux objets, les sortant de leur nature de marchandise, et nous invite à questionner le lien entre les espaces, les signes et la société. Objets et êtres vivants fusionnent en une seule entité, créant ainsi un dialogue entre l’espace et l’œuvre et nous plaçant à la croisée de la figuration et de l’abstraction, du conceptuel et du sensible.


Exposition “Tipping Edges” by Lucille Léger
Jusqu’au 25 février 2023 at Fondation Pernod Ricard
1, cours Paul Ricard – 75008 Paris
fondation-pernod-ricard.com


“Tipping Edges”, vue de l’exposition, 2023, courtesy of the artist and Fondation Pernod Ricard © Raphaël Massart

“Tipping Edges”, vue de l’exposition, 2023, courtesy of the artist and Fondation Pernod Ricard © Raphaël Massart

“Tipping Edges”, vue de l’exposition, 2023, courtesy of the artist and Fondation Pernod Ricard © Raphaël Massart

“Tipping Edges”, vue de l’exposition, 2023, courtesy of the artist and Fondation Pernod Ricard © Raphaël Massart

“Tipping Edges”, vue de l’exposition, 2023, courtesy of the artist and Fondation Pernod Ricard © Raphaël Massart

Lucille Léger, à la frontière de l’inerte et du vivant