Chaque année, les Journées internationales du film sur l’art célèbrent, au Louvre, la résonance de l’art dans le cinéma. En croisant projections, avant-premières, conversations et cartes blanches, le musée s’affirme comme un espace propice à l’interdisciplinarité et au façonnage d’un nouveau regard à porter sur l’image en mouvement.
Le cinéma n’est-il pas le médium par excellence, celui qui tient rôle d’intermédiaire, entre regardeur et œuvre, et de liant, entre arts visuels et sonores ? Pour examiner la question, le Louvre organise ses dix-septièmes Journées internationales du film sur l’art, du 5 au 14 avril. Rythmée de cartes blanches, de projections et de rencontres inédites, la programmation révèle les liens privilégiés que le film noue avec les beaux-arts — peinture, musique, sculpture, photographie — tout en explorant des thèmes liés à l’image, éveillant la curiosité du regardeur, amateur ou artiste.
Grand invité de l’événement, l’artiste Mohamed Bourouissa, parallèlement mis en lumière au Palais de Tokyo avec sa rétrospective “SIGNAL”, ouvre les JIFA avec une série de temps forts orientés vers l’interdisciplinarité, caractéristique prégnante de sa pratique. Celui qui “explore notre conscience contemporaine” propose ainsi un véritable dialogue entre les pratiques artistiques, à l’image de la soirée d’ouverture qui présente plusieurs de ses courts-métrages, dont Généalogie de la Violence (2023) en avant-première, suivis d’expériences sonores telles que son installation HARA!!!!!!hAAARAAAAA!!!!!hHARAAA!!! (2020). L’onomatopée, choisi comme titre de cette pièce, fait écho au cri d’alarme retentissant dans les cités marseillaises à l’approche de la police, renvoyant aux thèmes communautaires, sociaux et politiques que traite l’artiste.
Si l’attention portée à la musicalité de l’image irrigue la carte blanche donnée à Mohamed Bourouissa, la visualité du film s’impose également comme objet d’étude de cette édition des JIFA, avec plusieurs projets qui sondent la notion de regard. On notera Les Sentinelles de l’oubli (2023) de Jérôme Prieur qui célèbre, par un long-métrage, la contemplation des statues commémoratives, ou encore Close to Vermeer (2023) de la Néerlandaise Suzanne Raes qui pénètre dans les coulisses de la plus grande rétrospective dédiée au peintre au Rijksmuseum, à Amsterdam. En parallèle, un hommage est rendu à Jean-Luc Godard (1930-2022), figure de proue de la Nouvelle Vague ayant bouleversé la perception du cinéma à la fin des années 1950 et influence majeure des artistes, tous domaines confondus, qui lui succéderont. La programmation de documentaires et de films présentée au Louvre dans ce cadre s’appuie sur l’exposition conçue par le réalisateur en 2006, au Centre Pompidou, “Voyage(s) en utopie”, qui a fait date dans l’histoire curatoriale du cinéma.
Autre temps fort des JIFA et sujet continu de curiosité, l’atelier comme espace fécond de création est analysé à travers une série de films qui scrutent la valeur symbolique de ce lieu intime à l’artiste. Trois portraits de peintres contemporains (Marc Desgrandchamps, Charles Belle, Ricardo Cavallo) dressent ainsi une forme d’état des lieux de la picturalité, en traversant, chacun à sa manière, les pans techniques, plastiques et inspirationnels de leurs pratiques. Cette section “Dans l’atelier” propose aussi la projection, en avant-première à Paris, d’un grand documentaire abordant l’histoire de l’art mural signé Carlos Saura (1932-2023) qui aborde tant les premières révolutions graphiques pariétales que des expressions artistiques urbaines et avant-gardistes. •
Journées internationales du film sur l’art
Du 5 au 14 avril 2024 au Louvre
Auditorium Michel Laclotte – 75001 Paris
Toute la programmation détaillée sur louvre.fr