Temps fort de la Milan Design Week, la présentation de la nouvelle collection d’objets Hermès se saisit d’une essence graphique maîtrisée par un jeu de lignes, impliqué jusque dans sa scénographie. Une exploration des savoir-faire, précisée par un dialogue entre les époques et les matières.
PROLONGEMENTS CONTEMPORAINS
À rebours des tendances et des modes, Hermès confirme sa singularité par le choix de juxtaposer à ses nouvelles créations des pièces historiques issues de son patrimoine. Aller-retour entre passé et présent, la présentation prend des accents muséographiques pour mettre en lumière cette “équivoque temporelle”, qui alterne inspirations anciennes et objets contemporains. Ainsi se côtoient, en ligne, les deux versants d’une esthétique solidement ancrée dans l’ADN de la maison : la nouvelle lampe Voltige emprunte sa tige tressée de cuir à un fouet de chasse des années 1980 ; la corbeille Derby — première rencontre entre les savoir-faire selliers et maroquiniers appliqués au sein d’un objet domestique chez Hermès — puise sa silhouette dans celle d’un bracelet en box de 1970 ; plus loin, la couverture de lit Tartan Dye reprend les bandes croisées d’une casaque de jockey des années 1950.
HÉRITAGE DES LIGNES
Au-delà de ce dialogue qui conjugue les temps, la matière et les savoir-faire, la collection Hermès Maison 2024 soutient un leitmotiv qui prend essence dans le croisement des lignes. Courbes ou franches, celles-ci s’apprivoisent des deux façons à travers le fauteuil Diapason qui s’inscrit dans un héritage moderniste et un design formel. Le langage graphique qui imprègne l’ensemble des objets, joue avec ce chassé-croisé de surfaces et de couleurs, à l’image du seau Derby ou du coffret Amalthée Myriade, où la géométrie s’affirme au détour d’angles, de tracés et de pointillés.
ARCHÉOLOGIE DE LA MATIÈRE
Si l’aspect atemporel irrigue la révélation de cette nouvelle collection, la spatialité s’inscrit elle aussi au cœur de l’événement. Environnement subtil précédant l’exposition des objets, la topographie de La Pelota est ici investie en un vaste plateau laissant la part belle au vide, invitant à concentrer son regard vers le sol. Dans l’obscurité, un parcours en croix traverse diverses surfaces agencées de matériaux bruts — briques, pierres, ardoises, bois, terre — qui s’interposent pour esquisser un tableau abstrait, entre terreau fertile, propice à la création, et terrain archéologique, propice à la découverte. Les aires de motifs, qui évoquent tant l’ancrage au monde que l’enracinement de la maison aux matières humbles, soulignent la puissance visuelle des formes minérales et organiques, associées ici dans une voie quasi maniériste. •
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