Festival Circulation(s) : 10 noms de la photographie émergente à connaître

Circulation(s), le festival dédié à la photographie émergente européenne, révèle les talents exposés au CENTQUATRE, à Paris, à partir du 5 avril. Parmi eux, nos 10 photographes coups de cœur à retenir de cette nouvelle édition.

Attaché à relier les enjeux contemporains à l’image photographique, le festival Circulation(s) s’emploie, depuis 2011, à mettre en lumière le regard d’une sélection de photographes émergent·e·s basé·e·s en Europe. Cette année, vingt-trois artistes de treize nationalités investissent ainsi le CENTQUATRE dans une exposition curatée par le collectif Fetart. Cette quinzième édition du festival propose également un focus dédié à la jeune scène photographique lituanienne, après avoir éclairé celles de la Roumanie, du Bélarus, du Portugal, de l’Arménie, de la Bulgarie et de l’Ukraine.

Emeline Amétis (née en 1992, France)

Artiste visuelle franco-caribéenne, Emeline Amétis interroge les rapports entre construction personnelle, territoires et identités plurielles. Par l’usage d’archives, de textile, d’objets et de la photographie, elle s’intéresse à l’héritage dans un contexte migratoire, notamment en captant l’archipel natal de sa mère, qu’elle envisage comme un espace marqué « par la violence et l’imprévisible ».

Emeline Ametis, Oh murmure ta traversée est le mât de notre vaisseau.

Cendre (né.e en 1992, France)

À travers un cycle de 180 risographies, Cendre multiplie autant de fois la figure menaçante du loup prédateur que la moyenne annuelle des agressions physiques homophobes recensées en France par SOS Homophobie entre 2020 et 2022. Iel-même en ayant été victime en 2015, il lui avait été signifié que la pleine lune en était la cause : son projet Minuit brûle explore en ce sens le traumatisme, la rage et la nuit, notamment par un procédé alternatif consistant à imbiber ses pellicules de son propre sang.

Cendre, La Meute.

Anouk Durocher (née en 1996, France)

Journaliste et photographe, Anouk Durocher développe une pratique autour des marges sociales, des récits intimes et du corps politique. Dans son projet Alter Ego Fantasy, elle fait le portrait de son ami Bissi, jeune Allemand-Béninois non binaire aux contours identitaires fluides. Entre quête de soi et défiance de la normativité, cette série personnelle est augmentée d’écrits et de montages numériques, tout en abordant les questionnements traversés par l’autodéfinition.

Anouk Durocher, Alter Ego Fantasy.

Tomasz Kawecki (né en 1993, Pologne)

Inspiré par les phénomènes naturels, Tomasz Kawecki conçoit sa pratique comme une documentation subjective explorant les intersections entre expérience personnelle et récits culturels. Sa série « In Praise of Shadow », photographiée de nuit dans les environs de Nowa Ruda, en Silésie, l’une des régions les plus polluées de Pologne, explore le concept de l’ombre et sa relation à l’environnement sauvage et aux mythes anciens.

Tomasz Kawecki, In Praise of Shadow.

Claudia Fuggetti (née en 1993, Italie)

Diplômée en cultures numériques de l’Académie des beaux-arts de Brera, Claudia Fuggetti réenvisage les énergies du monde naturel, dans le prolongement de la pensée du philosophe écologiste David Abram, pour lequel la crise écologique est indissociable de la perception. Par des interventions chromatiques, l’artiste souligne les limites d’un environnement piégé à l’heure de l’Anthropocène, en perpétuelle mutation.

Claudia Fuggetti, Metamorphosis

Isabella Madrid (née en 1999, Colombie)

« Beau, bon et pas cher » : la traduction française du projet photographique Buena, Bonita y Barata d’Isabella Madrid révèle une notion de valeur prégnante. En s’emparant des symboles de la féminité en Colombie, la photographe tire le portrait jusqu’à la glorification et la sexualisation du corps, en récupérant et s’appropriant de nombreux codes, perçus comme des blessures qu’elle subvertit.

Isabella Madrid, Buena, Bonita y Barata

Manuela Lorente (née en 1991, Espagne)

Par un prisme documentaire, la pratique photographique de Manuela Lorente est soutenue par des narrations fantasmées au sein de ses images. Culture populaire madrilène, relations personnelles, actes quotidiens guident sa série He plays the music, we dance : l’histoire de frères voleurs fascinés par les films de gangsters, traitée façon roman-photo.

Manuela Lorente, He plays the music, we dance

Lesia Pcolka (née en 1989, Bélarus)

En s’inspirant de l’ouvrage Les Croix traditionnelles bélarussiennes de l’ethnographe Mikhail Romanyuk, Lesia Pcolka saisit dans son projet Roadside objects les croix en métal décorées de rubans et de fleurs qui reflètent, pour la photographe, autant d’attributs LGBTQIA+. Par ce regard porté sur les traditions locales, elle examine les limites de la mémoire collective en interaction avec les histoires du passé pré-soviétique.

Lesia Pcolka, Roadside objects

Visvaldas Morkevicius (né en 1990, Lituanie)

Artiste exposé dans le cadre du focus dédié à la Lituanie, Visvaldas Morkevicius expose ses images liées à une mémoire fragmentée, où dialoguent l’absence et la présence, les faiblesses et les forces d’objets et de corps. Naviguant entre les thèmes de l’identité, de la technologie et du pouvoir, il façonne des récits stratifiés pour explorer les dimensions émotionnelles et psychologiques de la vie moderne.

Visvaldas Morkevičius, I Want to Tell You Something 5. © ECAL

Tianyu Wang (née en 1997, Chine)

Basée en Suisse, Tianyu Wang se met en scène au sein de clichés définis par un cadre domestique. « En utilisant des postures corporelles, des gestes et des objets ménagers, je reconstruis les “postures que les femmes sont censées prendre” dans la vie quotidienne pour résister aux normes patriarcales. Je réimagine les expériences traumatisantes imprimées sur mon corps en utilisant l’aspect personnel comme une lentille politique : je symbolise le moi à la fois opprimé et résistant au sein de la structure familiale. », confie-t-elle. 

Tianyu Wang, Hiding and Seeking.


Festival Circulation(s)
Du 5 avril au 1er juin 2025
CENTQUATRE – 5, rue Curial 75019 Paris
festival-circulations.com


Festival Circulation(s) : 10 noms de la photographie émergente à connaître