Leonor Antunes, racines en suspension

Au Crac Occitanie, à Sète, l’artiste Leonor Antunes, épaulée par les commissaires Marie Cozette et Rita Fabiana, déploie une approche minimaliste sous formes d’hommages mêlant art contemporain, artisanat et design. 

« Les inégalités constantes des jours de leonor* » prolonge l’exposition « da desigualdade constante dos dias de leonor*, montrée au CAM – Centre d’Art Moderne Gulbenkian à Lisbonne, de septembre 2024 à février 2025. Ce second volet dédié à Leonor Antunes (née en 1972, Lisbonne) fonctionne comme une forêt de diverses suspensions reliées entre elles et ne touchant jamais le sol — qui est une pièce à part entière. L’exposition est immersive : la scénographie fait aussi œuvre, du sol sur lequel nos pas se font feutrés, en passant par la lumière tamisée et l’organisation de l’espace architectural.

Telle Pando, forêt composée d’un seul réseau racinaire — et donc, d’un seul arbre, même si la multiplicité des troncs nous trompe —, les œuvres forment un seul organisme. Les pièces de Leonor Antunes se suivent dans l’espace, dialoguent entre elles par leurs formes et leurs dispositions ou par le biais de notre propre regard. Dans les salles d’exposition du Crac Occitanie, se jouent d’infinies possibilités de superposition dès lors que nous prenons le temps de bien vouloir les voir. Généralement réalisées à partir de matières naturelles relatives à l’artisanat (bois, laiton, liège, soie, osier) ou à l’espace domestique (cuir, perles, verre, coton), les pièces mêlent différentes formes d’art et design. Elles sont à la fois sculptures, assemblages, tissages ou nœuds, mais surtout des formes sensuelles qui éveillent nos différents sens, aiguisant la vue, l’odorat et l’envie tactile.

Hormis le sol, chaque œuvre de Leonor Antunes est suspendue et reliée aux autres par un simple système de cordes attachées au plafond et dont les extrémités pendent également. Chaque pièce applique ce qu’on appelle « la timidité des arbres », cette capacité qu’ils ont de pousser sans jamais se croiser, ce qui induit une réelle conscience de l’autre. L’installation prend en compte les corps du public et leur déambulation de part et d’autre du sol en liège, une marqueterie grande échelle composée de lignes géométriques et de cercles au délicat reflet doré. Outre l’aspect formel des différentes pièces qui résonnent, dialoguent entre elles et dans l’espace, chaque œuvre appartient à une figure. Leonor Antunes propose une réécriture de l’histoire de l’art, de l’architecture et du design en mettant en avant des figures féminines qui l’inspirent et qu’elle cite dans ses œuvres. Le titre même de l’exposition, « Les inégalités constantes des jours de leonor* », est, comme l’induit son astérisque, une citation, un titre traduit du portugais de l’artiste, cinéaste, écrivaine et poétesse Ana Hatherly (1929-2015). Leonor Antunes dénonce ainsi les inégalités de genre dans les milieux créatifs en mettant en avant des figures ici surlignées.

Les œuvres ne sont pas seulement une installation minimaliste et formelle : on peut aussi les voir comme un livre d’histoire des arts, sous un prisme personnel, féminin et féministe, qui remet en lumière, au sein d’un système patriarcal les femmes dont le travail a été minimisé voire oublié, redonnant ainsi toute leur place à des figures essentielles : Ana Hatherly, Franca Helg, Charlotte Perriand, Lina Bo Bardi, Marian Pepler, Sadie Speight, Sophie Taeuber.


Exposition « Leonor Antunes. Les inégalités constantes des jours de leonor* »
Commissariat : Marie Cozette et Rita Fabiana
Jusqu’au 31 août 2025 au Crac Occitanie
26, quai Aspirant Herber – 34200 Sète
crac.laregion.fr


Vue de l’exposition « les inégalités constantes des jours de leonor* » de Leonor Antunes, 2025, Crac Occitanie, Sète. Courtesy de l’artiste. Photo : Nick Ash.

Leonor Antunes, Franca e Sophie #1 (détail), 2024, perles de verre, fil en nylon et acier inoxydable thermolaqué. Courtesy de l’artiste. Photo : Nick Ash.

Vue de l’exposition « les inégalités constantes des jours de leonor* » de Leonor Antunes, 2025, Crac Occitanie, Sète. Courtesy de l’artiste. Photo : Nick Ash.

Vue de l’exposition « les inégalités constantes des jours de leonor* » de Leonor Antunes, 2025, Crac Occitanie, Sète. Courtesy de l’artiste. Photo : Nick Ash.

Vue de l’exposition « les inégalités constantes des jours de leonor* » de Leonor Antunes, 2025, Crac Occitanie, Sète. Courtesy de l’artiste. Photo : Nick Ash.

Vue de l’exposition « les inégalités constantes des jours de leonor* » de Leonor Antunes, 2025, Crac Occitanie, Sète. Courtesy de l’artiste. Photo : Nick Ash.

Vue de l’exposition « les inégalités constantes des jours de leonor* » de Leonor Antunes, 2025, Crac Occitanie, Sète. Courtesy de l’artiste. Photo : Nick Ash.

Vue de l’exposition « les inégalités constantes des jours de leonor* » de Leonor Antunes, 2025, Crac Occitanie, Sète. Courtesy de l’artiste. Photo : Nick Ash.

Vue de l’exposition « les inégalités constantes des jours de leonor* » de Leonor Antunes, 2025, Crac Occitanie, Sète. Courtesy de l’artiste. Photo : Nick Ash.

Leonor Antunes, racines en suspension