Mathilde Denize, créer en fausse couture

Mathilde Denize déploie ses œuvres peintes chez Perrotin à l’occasion de sa première exposition personnelle à Paris, « Never Ending Story ». Collectrice d’objets mis au rebut, son nouveau corpus s’implique à la croisée de la mode, du décor et de la performance.

Mathilde Denize (née en 1986, France) a fait ses premiers pas dans le dessin alors qu’elle était encore étudiante aux Beaux-Arts. Pourtant, sa véritable obsession a toujours été de collecter des objets mis au rebut ; elle voyait dans ses recompositions un vaste éventail de possibilités plastiques. Pendant un certain temps, elle a peint des décors, notamment pour le cinéma : raison évidente pour laquelle le textile et la peinture s’entremêlent naturellement dans sa pratique. 

Pour son exposition “Never Ending Story” à la galerie Perrotin, Mathilde Denize compose des figures libres et colorées à partir d’objets usagés. Un goût pour la création permis par le collage d’objets abandonnés, cassés et incomplets. Suspendus comme sur un cintre ou sur un portemanteau, confondus avec la forme d’un corps, les “vêtements” peints de Mathilde Denize mettent volontairement tout sens dessus dessous. Ses œuvres rappellent des pièces à porter que n’importe qui pourrait trouver dans sa garde-robe, sans pour autant être considérés comme des vêtements habituels. Ainsi, l’artiste française montre les manches d’une veste d’arlequin délicatement coupées et cousues ou un pantalon à peine esquissé. Il ne s’agit pas de costumes civils, quotidiens ou théâtraux, mais plutôt d’habits illusoires, questionnant la notion d’apparence. 

Si l’exposition présente aussi des œuvres sur toile, les ready-made de l’artiste peuvent être perçus comme s’inscrivant dans l’héritage de Kurt Schwitters ou de Robert Filliou, par la fragilité de l’assemblage et la pauvreté des matériaux, ainsi que d’Oskar Schlemmer et de Giacomo Balla, en raison du clin d’œil au théâtre et de l’usage des couleurs. Collecte, accumulation et rassemblement : l’artiste déploie une archéologie poétique, utilisant les vestiges du passé pour réaliser de nouvelles créations. Il s’agit d’une recherche de sens dans un présent fragmenté. 


Exposition “Never Ending Story” by Mathilde Denize
Jusqu’au 11 mars 2023 at Perrotin
76, rue de Turenne – 75003 Paris
perrotin.com


Vue de l’exposition “Never Ending Story” de Mathilde Denize, Perrotin Paris, 2023, courtesy de l’artiste et Perrotin Paris © Claire Dorn

Vue de l’exposition “Never Ending Story” de Mathilde Denize, Perrotin Paris, 2023, décor mural original par Mathilde Denize – édité par la maison Bien Fait, courtesy de l’artiste et Perrotin Paris © Claire Dorn

Mathilde Denize, Figures, 2022, courtesy de l’artiste et Perrotin Paris © Tanguy Beurdeley

Mathilde Denize, Suspended, 2022, courtesy de l’artiste et Perrotin Paris © Tanguy Beurdeley

Vue de l’exposition “Never Ending Story” de Mathilde Denize, Perrotin Paris, 2023, courtesy de l’artiste et Perrotin Paris © Claire Dorn

Mathilde Denize, Figure, 2022, courtesy de l’artiste et Perrotin Paris © Tanguy Beurdeley

Mathilde Denize, créer en fausse couture