Les artistes Julien Heintz et Nathan Bertet invitent huit jeunes créateurs à prendre part à “Un fil se tend”, exposition présentée à la galerie parisienne pal project. Une proposition qui souligne le lien unissant différents médiums tels que la vidéo, la sculpture, l’installation et la peinture.
À l’entrée de la galerie, un scénario inhabituel surprend : quelques verres cassés et désordonnés sont posés sur plusieurs couvertures qui, reliées entre elles par des nœuds, pendent du plafond et s’écroulent sur le sol. Parmi ces objets à peine reconnaissables, de petites sphères en résine enferment des éléments solidifiés, comme s’il s’agissait de souvenirs d’autrefois, de sortes de vestiges d’une fête. Emma Passera (née en 1997, France) assemble des objets du quotidien et des matériaux trouvés afin de les soustraire à leur signification habituelle. Ses choses sont imprégnées d’une aura sombre, à mi-chemin entre réalité et rêve, présent et passé. À travers une esthétique de l’entre-deux, la jeune artiste française parvient à nous offrir une représentation de la fragilité, liée, au bout du compte, à un thème central de son travail : les stéréotypes de genre.
Cette esthétique fluide imprègne également d’autres œuvres de l’exposition. C’est le cas, par exemple, des installations de Winnie Mo Rielly (née en 1993, Angleterre) qui montrent, de manière fragmentée, certaines parties du corps ainsi que leur absence correspondante. Tant par la sculpture que par la photographie, et par des jeux de dévoilement partiel, l’artiste anglaise basée à Paris explore la complexité des espaces habités. Kaï-Chun Chang (né en 1989, Taiwan) joue également avec cet entre-deux et le flottement, en interrogeant la frontière entre matériel et immatériel. À travers sa peinture, l’artiste dépeint des phénomènes volatils tels que l’air et les spectres de la lumière. Grâce à sa combinaison intelligente de textures et de couleurs, il produit des paysages profonds qui nous captivent et nous invitent à la contemplation et à l’introspection.
La réflexion autour de la nature occupe également une place centrale dans l’exposition. Ainsi, Léo Marybrasse (né en 1998, Costa Rica) fait écho au phénomène de l’ASMR en nous présentant une installation sonore dans laquelle un micro est placé devant une fleur de pavot, captant le bruit qu’il fait lorsqu’il bouge légèrement. Le végétal symbolisant le repos et servant alors d’image du cycle de la vie et de son renouvellement. Victoire Inchauspé (née en 1998, France) s’inspire également de la nature ; elle montre des branches et des fleurs forgées accrochées au mur, ainsi qu’un tournesol en aluminium sur une toile pliée. Malgré la grossièreté des matériaux, ses sculptures ont une qualité fragile qui donne un sentiment de vulnérabilité et de fugacité et nous fait réfléchir au pouvoir du temps. Les peintures d’Antoine Alzieu (né en 1996, France), de même que les vidéos de Louise Votan (née en 1996, France) et d’Hugo Da Silva (né en 2000, France), se distinguent aussi par leur réflexion sur l’éphémère et la fragilité. Que ce soit en recourant à des symboles issus de la nature ou de notre quotidien, les artistes présentés dans “Un fil se tend” ont eu recours, chacun à leur manière, à l’immortalisation et à la fixation de certains objets, soulignant le pouvoir transformateur de la vulnérabilité et de l’éphémère. •
Exposition collective “Un fil se tend”
Jusqu’au 11 mars 2023 at pal project
39, rue de Grenelle – 75007 Paris
pal-project.com